vendredi 31 octobre 2008

La justice cherche les responsabilités dans la mort d'un dépanneur d'ascenseurs


Le tribunal correctionnel de Paris a tenté jeudi de déterminer quelle était la responsabilité de l'ascensoriste ThyssenKrupp et de deux autres prévenus dans l'accident qui, en décembre 2004, avait causé la mort d'un dépanneur, écrasé par la cabine d'un ascenseur qu'il réparait.
Les faits remontent au 14 décembre 2004. Un salarié de ThyssenKrupp réparait un ascenseur défectueux dans un immeuble en chantier, rue Georges V, dans le quartier des Champs-Elysées (VIIIe), quand l'appareil s'était subitement remis à fonctionner. L'agent de maintenance avait été écrasé sous la cabine.

Quelques jours plus tard, la CGT avait organisé un rassemblement de protestation à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) afin de protester contre la "terrible recrudescence des accidents mortels" dans la profession, le parc d'ascenseurs français étant réputé le plus vétuste d'Europe.

Le syndicat dénonçait notamment la "baisse de qualité des prestations de maintenance assurées des ascensoristes, les charges de travail trop importantes et une formation insuffisante".

Quatre ans après les faits, deux sociétés et un vérificateur d'appareils de levage, Jean-Claude Darboux, se sont retrouvés devant la justice pour répondre d'"homicide involontaire".

Tandis que l'accusation reproche à Jean-Claude Darboux, qui a contrôlé l'ascenseur un mois avant l'accident, des "négligences", elle reproche à ThyssenKrupp et à l'entreprise Petit, responsable du chantier, un "manquement à des opérations de sécurité et de prudence".

Jeudi, à l'audience, il était indiscutable que les fautes s'étaient multipliées : de l'absence de contrat d'entretien aux pannes à répétition (17 en six mois), en passant par la poussière présente sur les capteurs électriques et au détournement d'usage de l'ascenseur, transformé pour les besoins du chantier en monte-charge.

Pour l'expert Noël Taillandier, "l'origine directe" de l'accident est claire: "c'est le shunt", un arrangement électrique réalisé dans l'armoire de contrôle qui consiste à contourner le fonctionnement normal. De cette manière, on peut duper le système pour rendre inopérantes des fonctions telles que la sécurité.

Ce shunt était "là depuis longtemps", "c'est un fait volontaire et irresponsable", considère l'expert, pour qui une telle modification est "impensable" car elle a court-circuité certains capteurs qui représentaient "la sécurité ultime pour le type qui travaille sur le toit de la cabine".

Selon lui, un contrat d'entretien, comprenant des visites préventives de maintenance, aurait permis de détecter ce shunt et d'éviter l'accident.

Une analyse reprise par le procureur de la République qui a stigmatisé "des vérifications insuffisantes" et "un vrai problème d'incompétence", surtout concernant M. Darboux qui "aurait dû voir le shunt s'il avait fait son travail jusqu'au bout".

Elle a requis à son encontre six mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende, ainsi que 20.000 euros d'amende contre ThyssenKrupp. En revanche, elle n'a demandé aucune condamnation pour la société Petit.

Jugement le 20 novembre.

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