RENOUVELLEMENT ANTICIPATION FRAGILISATION SINCÉRITÉ
La CGT, comme les autres syndicats d'ailleurs, souffre surtout d'un manque de renouvellement des responsables ! Les secrétaires de section en passant par les secrétaires généraux, puis fédéral et confédéral ne devraient pas rester plus de deux à trois mandats, sinon arrive le phénomène de lassitude, d'habitude, de deconnection des vrais problèmes de la base, ne pas oublier un problème psychologique important et qu'il faut absolument contrer : le fait d'être trop souvent en contact avec les directions.
Regarder le syndicalisme, notamment la CGT, sous le seul prisme de la loi de représentativité est à mon avis incomplet ; le syndicalisme français souffre d'un émiettement négatif et d'une difficulté chronique depuis trente ans à anticiper les mouvements profonds de société, explosion et recomposition d'un salariat, une mondialisation et une financiarisation de la gestion des entreprises qui éloignent et rendent peu lisibles les pouvoirs de décision. Pour autant, la lutte contre la crise capitaliste a permis d'éviter le repli individuel, marquée notamment par plus de 45 000 adhésions dont une majorité de jeunes à la CGT.
La réponse ne peut être que négative au vu des reculs historiques de l'ensemble des acquis sociaux du monde du travail depuis la Libération ! Les causes en sont multiples mais les effets convergents : la division syndicale affaiblit durablement le mouvement social en France et aboutit aujourd'hui à une véritable « désyndicalisation de masse.
D'autre part, la destruction des emplois et la disparition de notre appareil productif réduisent à néant les bases syndicales. Enfin, les politiques de management du patronat qui mettent en concurrence les salariés d'un même collectif de travail ou opposent dans la même entreprise les cols blancs aux cols bleus et, inversement, brisent toute solidarité entre les exploités.
N'oublions pas une répression antisyndicale qui éloigne bien des salariés du militantisme et de la prise de responsabilités syndicales. Pire, les récentes vagues de suicide au travail, comme à France Télécom, montrent les limites du tous contre tous, c'est-à-dire de l'individualisme dans l'entreprise qui est à la fois le résultat mortifère de la faiblesse actuelle du syndicalisme et en même temps signe l'échec des politiques d'intégration et de surexploitation du salarié par l'entreprise capitaliste.
Des grandes banques mondiales au Medef, en passant par la bande du Fouquet's, tout ce que le monde compte d'industriels et de financiers n'a aucun doute : comme il l'a promis, comme il s'y est engagé et comme il l'a entrepris, Sarkozy répondra à tous leurs désirs. Pas un ne doute de sa sincérité. Mais que tant de petites gens, gens de peu, gens de rien, croient sincèrement à la sincérité de Sarko quand il déclare que cette politique de casse tous azimuts est faite pour le bien de la France, voilà la seule question qui me travaille.
Le syndicalisme est-il assez puissant ?
Michel Debruyne Un salarié syndicaliste CGT
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