mardi 16 mars 2010
322 000 emplois salariés ont été détruits en France en 2009, une hémorragie d'une ampleur inédite de mémoire de statisticiens
322 000 emplois salariés ont été détruits en France sur l'ensemble de l'année 2009, ce qui correspond à la pire hémorragie jamais enregistrée de mémoire de statisticiens, selon les données rendues publiques hier par l'INSEE. Le nombre de salariés a ainsi été ramené fin décembre à 17, 7 millions, en baisse de 1,8 % sur l'année.
Aucun secteur n'a été épargné par ces destructions d'emplois. L'Industrie, qui enregistre des pertes nettes d'emplois depuis 2002, a détruit l'an passé 173 000 postes (- 4,9 % sur un an), une diminution d'une "ampleur comparable" à celle enregistrée en 1993, a souligné M. Bernard ERNST, directeur des statistiques, enquêtes et prévisions de Pôle emploi. Les destructions d'emplois dans l'industrie se sont d'ailleurs nettement amplifiées par rapport à 2008. En définitive, l'emploi dans ce secteur a touché fin décembre "un nouveau point bas historique" (3,3 millions de salariés), a ajouté M. ERNST. Autre motif d'inquiétude, la construction a détruit l'an passé 49 900 postes (-3,4 %), mettant ainsi un terme à un mouvement de croissance des effectifs ininterrompu depuis 11 ans. Le nombre de postes dans la construction a ainsi été ramené à celui de fin 2007 (1,4 million). Quant au tertiaire, il a perdu 134 700 postes en 2009 (-1,2 % sur un an).
L'hémorragie d'emplois s'est toutefois nettement atténuée au quatrième trimestre, grâce au rebond de l'intérim, reparti à la hausse depuis le deuxième trimestre 2009, après plusieurs fortes baisses (-35 % entre le deuxième trimestre 2008 et le premier trimestre 2009). 23 500 emplois intérimaires ont ainsi été créés entre octobre et décembre 2009 (+ 5 %), faisant suite à 25 000 créations nettes (+5,6 %) durant les trois mois précédents. En définitive, 11 500 emplois salariés ont été détruits au quatrième trimestre (- 0,1 %), alors que les effectifs avaient chuté de 0,4 % (- 66 000 postes) au troisième trimestre. La ministre de l'Economie, Mme Christine LAGARDE, a observé "avec satisfaction le ralentissement important des destructions d'emploi à la fin de l'année" dernière, qui confirme, selon elle, "la stabilisation en cours du marché du travail".
Le retournement de tendance devrait néanmoins se faire encore attendre.
"Il reste des réserves de main-d'œuvre dans les entreprises, le chômage partiel ayant permis d'atténuer les destructions nettes d'emplois", a souligné M. ERNST. "Il ne faut pas s'attendre à des créations nettes d'emplois cette année", a-t-il ajouté. Le second semestre pourrait toutefois être marqué par un redémarrage. Mais, d'ici là, "il ne faut pas s'attendre à de bonnes nouvelles en matière de chômage et d'emploi", a-t-il estimé.
Baisse inédite en 60 ans de la masse salariale
Conséquence de la situation, la masse salariale du secteur privé a reculé de 1,3 % en moyenne annuelle, a annoncé hier l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (ACOSS). Selon les statistiques de l'INSEE, la masse salariale n'a jamais baissé depuis 1949, date de création de l'institut de statistiques, à l'exception d'un trimestre pour faits de grève en 1968.
La contraction de la masse salariale cette année est donc inédite depuis la création de la Sécurité sociale à la Libération.
La baisse d'un point de pourcentage de la masse salariale équivaut à deux milliards d'euros de recettes perdues par la Sécurité sociale. Le recul de la masse salariale est dû principalement à la disparition d'emplois salariés mais aussi à la hausse du chômage partiel et à la diminution des heures supplémentaires. Elle est la principale cause du creusement sans précédent du déficit du régime général (salariés) de la Sécurité sociale. Les prévisions de l'ACOSS établies en octobre étaient néanmoins plus pessimistes et tablaient sur une baisse de 2,1 % voire 2,5 % en 2009. Finalement, après quatre trimestres consécutifs de baisse, la masse salariale s'est stabilisée au quatrième trimestre de l'année dernière (+0,1 % sur un trimestre, après -0,2 % aux 2ème et 3ème trimestres et -1,1 % au 1er).
La masse salariale dépend du nombre d'emplois, mais aussi du niveau des salaires et primes. En 2009, le salaire moyen par tête (SMPT) a connu un rythme de hausse qualifié par l'ACOSS de "très modéré par rapport aux années précédentes" (+1,2 % au 4ème trimestre sur un an, contre environ 2,5 %), en raison de "l'impact de l'indemnisation du chômage partiel".
L'indemnité de chômage partiel, à la différence du salaire, est exonérée de cotisations patronales (mais pas de la CSG) ce qui fait perdre beaucoup de recettes à la Sécurité sociale. Or, au quatrième trimestre 2009, 144 000 personnes ont été placées en chômage partiel, après 156 000 au troisième, 245 000 au deuxième, 211 000 au premier, selon l'INSEE. La baisse de la masse salariale tient aussi, note l'ACOSS, à "la diminution des heures supplémentaires".
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