lundi 22 mars 2010


SALAIRES : LES JÉRÉMIADES DE LAURENCE PARISOT

La multiplication des conflits sociaux sur les salaires a obligé la patronne des patrons à sortir du bois la semaine dernière. Ainsi, lors de sa conférence de presse mensuelle, elle a relevé que « nous sommes dans la crise et pour la troisième année malheureusement ».

Et d’ajouter que la marge de manœuvre des entreprises en matière salariale est « faible » et le choix au début de la crise a été d’abord de préserver l’emploi. « C’est donc très difficile pour les entreprises et les salariés.
Les marges de manœuvre sont tellement faibles que les progressions de salaires dans beaucoup de secteurs sont très faibles, parfois même il n’y a pas de progression », a déclaré Mme Parisot.

A l’évidence en effet, nous sommes toujours en crise et n’en déplaise aux zélateurs du gouvernement, nous sommes encore loin de la sortie. Mais pour autant, la publication des résultats financiers des entreprises révèle un retour à bonne fortune des grands groupes notamment et des résultats assis et confortés par des suppressions d’emplois.

La patronne du Medef ne manque pas d’air quand elle affirme que le choix du début de la crise a été de préserver l’emploi. C’est rayer d’un trait l’éviction immédiate des intérimaires et des salariés en contrats précaires, qui ont été les premiers à souffrir du ralentissement. C’est oublier que le patronat profite de la crise pour accélérer les mutations structurelles et organisationnelles qu’il veut faire financer d’une part, par les salariés et d’autre part, par la collectivité.

Plus enclines à servir les actionnaires qu’à investir pour développer l’activité industrielle et les services, les directions d’entreprises bradent le potentiel productif.

Disons-le tout net, Laurence Parisot n’éteindra pas les feux revendicatifs avec de telles jérémiades. Car dans toutes les catégories de salariés, la colère et la combativité gagnent du terrain. La montée en puissance des conflits salariaux trouve naissance dans le blocage des salaires et la multiplication des dispositifs de rémunérations variables.

Avec pour résultat pour les catégories cadres et techniciennes, une baisse du pouvoir d’achat.
Les cadres et les techniciens aspirent à la sécurisation de leur salaire et souhaitent une augmentation de la part fixe de leur rémunération. Selon le baromètre Réalités Cadres de l’UGICT-CGT-CSA réalisé en février, ils sont la moitié à considérer que leur rémunération n’est pas satisfaisante et les trois-quarts à souhaiter que la part fixe du salaire soit confortée.

Les politiques d’individualisation des salaires ont pour effet de ne servir correctement qu’une minorité et de fragiliser les salaires du plus grand nombre. Sans compter qu’elles s’appuient sur un mode de management qui organise une mise en concurrence des salariés, qui génère une organisation du travail contre-productive.

Avec l’emploi et les retraites, la question salariale sera au coeur de la journée unitaire de grève et de mobilisation de ce mardi 23 mars. Les politiques salariales doivent se fonder sur la reconnaissance des qualifications, une révision de la structure des salaires de l’encadrement, la fin du déclassement des jeunes diplômés. Les femmes ne doivent plus être moins payées que leurs collègues hommes.

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