lundi 27 septembre 2010


Retraites, la rue parle, le gouvernement bégaie


Le «non ferme et tranquille» de François Fillon à l’adresse des syndicats, des trois millions de salariés qui ont manifesté le 23 septembre et des 65% de Français qui les soutiennent est-il une preuve de force ou un aveu de faiblesse?

En tous cas, le Premier ministre a reçu le jour même une réponse claire des organisations syndicales qui se sont réunies le 24 pour appeler à deux nouvelles dates de mobilisations et de manifestations les 2 et 12 octobre : «Un non ferme et résolu de la part des manifestants et des organisations syndicales», a déclaré Bernard Thibault qui a prédit au Premier ministre un «retour de boomerang».

A l’occasion du point de presse qui a suivi l’intersyndicale, l’ensemble des organisations syndicales ont tour à tour dénoncé le mépris, le mensonge, la provocation de l’exécutif et de sa majorité et menacé des risques d’une crise sociale majeure, avec notamment celui d’une radicalisation des modes d’action. «Si le gouvernement et les parlementaires restent intransigeants sur l’approche de la réforme, il est évident que les modalités d’action, à partir de ce jour là, pourront être encore différentes» a prévenu le Secrétaire général de la CGT.

C’est peu dire que le gouvernement est en échec dans la bataille pour gagner l’opinion publique à sa réforme. Après le thème de la reconnaissance de la pénibilité, c’est en effet la question des inégalités entre les femmes et les hommes, durant la carrière et à la retraite qui a fait irruption dans le débat ces derniers jours. Tant il apparaît que les femmes vont être une nouvelle fois les grandes perdantes de l’allongement de la durée de cotisation et du recul de l’âge de la retraite, en raison notamment de la discontinuité de leurs parcours professionnel, de la précarité au travail et de la faiblesse de leurs rémunérations.

Mais il est une question à laquelle le gouvernement semble ne pas devoir échapper : celle du chômage des jeunes. On a vu dans les cortèges de jeudi de très nombreux lycéens et étudiants et leurs organisations syndicales. De nouveau, elles entendent rallier les jeunes à l’action contre cette réforme qui va directement les impacter. Le front est donc loin de se fissurer et l’exigence d’une autre réforme est au contraire en train de gagner et de s’enraciner.

Les manifestations de ce samedi 2 octobre peuvent être l’occasion d’un élargissement de la mobilisation à des salariés qui ne peuvent faire grève parce qu’aucun syndicat n’est présent dans leur entreprise, mais qui souhaitent eux aussi pouvoir s’exprimer.

Cette journée doit aussi nous permettre de continuer à mobiliser nos catégories, cadres, ingénieurs et techniciens qui ont aussi de bonnes raisons de refuser cette réforme qui recule indéfiniment la perspective de leur retraite, qui n’offre aucune perspective de reconnaissance de leurs périodes de formation.

Elle ne reconnaît pas non plus les formes de pénibilité dont ils sont victimes et que les nombreux suicides ont mis en lumière. Les cadres revendiquent un meilleur équilibre entre vie privée et carrière professionnelle, ils ne se résoudront pas à voir reculer cette frontière de l’âge de la retraite.

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