vendredi 24 septembre 2010


L’opinion ne plie pas

« C’est chose terrible que d’avoir contre soi la vérité », écrivait Jean Jaurès. Nicolas Sarkozy l’éprouve. Dès jeudi matin, l’Elysée déclarait que « soit les Français considèrent que tout cela est déjà derrière eux, soit qu’ils adhèrent davantage » au projet de contre-réforme des retraites, « soit les deux » . L’après-midi est venu le démentir avec des chiffres de manifestants au moins égaux et au total supérieurs à ceux du 7 septembre, des manifestants gonflés à bloc par le soutien ou la sympathie de 68% des Français, selon le dernier sondage, signé CSA/ L’Humanité.

Le pays ne plie pas, il rompt avec le pouvoir. Remparé dans son palais, le président de la rupture est de plus en plus seul. L’opération de propagande lancée au petit jour n’y change rien, pas plus que le renfort apporté par la présidente du Medef, Laurence Parisot, sur les ondes d’Europe 1. Citons encore le fondateur de l’Humanité : « Les capitalistes ont organisé contre les grévistes le mensonge quotidien comme on organise une industrie ».

Pour compléter le tableau jusqu’à la caricature, il suffit de faire un tour chez les députés UMP, polarisés sur la gué-guerre Copé/Bertrand, bruissant des rumeurs de remaniement, inquiets du sort que leur réservera l’opinions, mais toujours aussi sourds à la voix de notre peuple. Il faudra donc parler encore plus haut. L’intersyndicale qui se réunit vendredi matin a ce pain-là sur sa planche, créer les conditions pour que le mouvement, qui s’est ancré dans les moindres bourgades et la plupart des entreprises, s’élargisse encore.

La droite va tenter de convaincre que lutter ne sert plus à rien, que la partie est jouée. C’est une déclinaison de la méthode Coué… Le précédent du CPE, adopté par le Parlement, et finalement recalé par la rue, en apporte la démonstration. Syndicalistes et progressistes de tous ordres doivent en convaincre tous ceux que révolte l’injustice du projet Woerth. Chateaubriant l’écrivait : « On n’arrive à la justice que sur l’aile infatigable de l’espérance ».

Par Patrick Apel-Muller

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