Le dossier est loin d'être clos
Depuis quelques jours, on voudrait nous faire croire que la page des retraites est tournée, que les syndicats cherchent la porte de sortie à l’intersyndicale et qu’ils s’emploient à amortir l’atterrissage après un conflit dont les spécialistes cherchent à faire le bilan.
C’est aller un peu vite en besogne. Oui, l’omniprésident a besoin de passer à autre chose car il est au plus bas dans les sondages. Il a devant lui la perspective d’un G20 dont il va assurer la présidence et d’un remaniement gouvernemental supposé donner un nouveau souffle.
Cette dernière perspective a au moins eu pour effet de réanimer un mort : On croyait François Fillon carbonisé, le voilà qui fait don de sa personne pour rester à Matignon. Plus sérieusement, on n’en a pas encore fini avec le dossier des retraites.
D’abord parce que les échéances ne sont pas dépassées et qu’un rapport de forces est toujours susceptible de renverser cette loi qui devrait s’appliquer dans plusieurs mois. Ensuite parce que les « partenaires sociaux » vont maintenant devoir décliner cette loi dans les paramètres des retraites complémentaires à l’occasion de la renégociation patronat syndicats des accords qui régissent l’Arrco et l’Agirc.
Qui pourrait une seconde penser que cette négociation pourrait être un fleuve tranquille alors que le patronat entend l’aborder pour durcir les conditions d’obtention d’une retraite, poursuivre l’affaissement des droits des salariés afin de les contraindre à s’orienter vers les retraites par capitalisation ? L’heure n’est donc pas à plier les banderoles.
D’autant moins que le mouvement social n’a pas encore trouvé les réponses à toutes les questions qu’il a soulevées. « Le mouvement part des retraites. Mais peut-on aborder cette question sans parler d’emploi, de conditions de travail, de déroulements de carrières où de salaires, de pénibilité du travail, du sort réservé aux seniors ou aux jeunes », interroge Bernard Thibault dans l’Humanité de samedi dernier. "En quelques mois, le travail syndical est considérable".
Alors que le gouvernement a présenté une réforme comptable, nous sommes parvenus à imposer un débat de société sur la place du travail, les conséquences de la crise économique, sur la nécessité d’un nouveau partage des richesses. Les salariés se rendent bien compte qu’on leur demande des efforts financiers en matière de retraite alors que les banques, qui ont été soutenues par l’Etat, sont en train de réafficher des résultats considérables. » De fait, le mouvement social entre dans une nouvelle séquence, qui ne peut pas être celle du renoncement, l’heure n’est pas à ranger les banderoles et compter les points.
Pour sa part, la CGT est convaincue qu’on peut toujours bousculer bien des choses si les conditions de l’unité syndicale sont réunies. Et cela, même si l’on arrive à un moment où peuvent apparaître entre les syndicats des divergences sur l’opportunité des possibilités de continuer l’action pour obtenir d’autres réponses sur l’avenir des retraites.
Ce lundi soir 8 novembre les organisations syndicales se retrouvent. A l’initiative de la CGT, le principe d’une nouvelle journée d’action a été retenu pour la fin du mois et la date sera fixée lundi . S’il s’avérait impossible de continuer la bataille sur les retraites avec un engagement unanime de tous les syndicats, la CGT continuerait le combat avec ceux qui veulent le continuer.
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