Emploi des cadres : une année en rose ?
Tandis que la ministre de l’Économie, Christine Lagarde a confirmé mardi une prévision de croissance à 2 % pour 2011 en France, après un chiffre de 1,5 % en 2010, le président de l’APEC affichait jeudi un optimisme étonnant en matière de recrutements des cadres. L’étude de l’Association pour l’emploi des cadres sur les intentions d’embauche prévoit en effet le recrutement de 169 000 à 181 000 cadres cette année, soit une hausse de 3 % à 10 % par rapport à 2010. « Un cercle vertueux est à l’oeuvre sur le marché de l’emploi des cadres en 2011, entretenu notamment par les investissements des entreprises », estime l’APEC dans un communiqué. Elle estime « plus probable » la fourchette haute de son estimation (+ 10 %).
Pour 2011, « dans un contexte économique moins tendu, les entreprises reprennent confiance » et la prudence affichée l’an dernier est « moins de mise », malgré « des aléas », estime l’étude. Mais le marché sera nettement plus favorable aux «cadres expérimentés» (84 000 à 92 000 embauches prévues), les débutants restant une nouvelle fois à la traîne (33 000 à 36 000 embauches). Hélas, il y a loin de la coupe aux lèvres et l’optimisme de l’APEC mériterait d’être largement tempéré, car notre économie continue à détruire trop d’emplois et surtout à ne pas en créer suffisamment pour absorber chaque année l’entrée dans la vie active de 800 000 jeunes. Et de quel emploi parle-t-on ? Des stages hors cursus pour les jeunes diplômés. Des CDD à rallonge en guise de période d’essai ? Des emplois aidés ? Les embauches sont une chose, le solde d’emplois en est une autre. Si les embauches ne parviennent pas à com- penser le départ en retraite des cohortes de seniors du baby-boom et les effets de la désindustrialisation, notre économie sera toujours dans le rouge.
Notre pays a besoin d’une autre politique industrielle, seul socle solide pour notre économie, comme le soulignait Jean-Louis Levet, directeur général de l’Institut de recherches économiques et sociales dans le mensuel de la CGT « Ensemble ! » : « C’est bien l’industrie qui est au coeur de la création de production des richesses. Quand les usines ferment, l’économie s’arrête. Il y a beau y avoir des services financiers, des services de proximité, cela ne suffit pas ». Alors à quoi peuvent bien servir ces prévisions d’embauches claironnées sur un air de victoire ? A expliquer aux cadres qu’ils sont toujours les enfants gâtés ? A leur faire oublier combien la crise et ses effets sociaux dévastateurs, tout comme les réformes menées par le gouvernement sous l’impulsion du patronat les ont considérablement fragilisés ?
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