lundi 3 octobre 2011

Managers sous tension


Il y a décidément des habitudes qui ont la vie dure. Après avoir été le théâtre d’une vague de 64 suicides depuis 2008, France Télécom-Orange s’est encore illustrée la semaine passée. À Belfort, la CGT a dénoncé jeudi 29 septembre, les méthodes de management de la direction de France Télécom-Orange après la découverte d’un mail d’un responsable du centre d’appels Orange de Belfort appelant à mettre « sous tension » les quatorze managers.

« J’aimerais qu’on reparle de cette action pour qu’on mette sous tension les managers sur le business ce mois-ci, rapidement, car le retard s’accumule », indique le responsable dans son courriel dont une copie trainait sur une imprimante.

Comme si rien n’avait changé, on continue donc non seulement de faire comme avant, mais au surplus, la rhétorique et les injonctions continuent de laisser penser que les individus peuvent et doivent être instrumentalisés. On imagine les marges de manœuvre que ces « managers » ainsi mis sous tension laissent à leurs collaborateurs. On imagine sans peine aussi quel épanouissement au travail les uns et les autres peuvent ressentir.

Bien sûr, la direction régionale de France Télécom à Besançon a réfuté toute mise sous pression des managers, affirmant que cette phrase avait été « sortie de son contexte ». Elle s’est même défendu d’avoir mis en place des actions pour le bien-être de ses 200 salariés « comme la fête des mômes organisée sur place pour leurs enfants ». Elle se targue aussi de l’avis de l’inspecteur du travail qui lors d’un CHSCT s’est dit satis- fait de la situation du site de Belfort.

Alors quoi ? Cette affaire ne serait qu’un dérapage individuel ?

Elle ne refléterait pas le « nouveau contrat social » mis en place par le nouveau patron ? Il faut être lucide. L’entreprise, pas plus que celles qui ont été le théâtre de suicides au travail, n’ont bougé d’un iota sur leur stratégie. Elles persistent à en demander toujours d’avantage tout en réduisant la masse salariale. Elles profitent de la formidable pression du chômage de masse pour imposer un management « marche ou crève ».

C’est bien avec cette logique qu’il faut rompre et en finir avec les campagnes de « com » vides de sens. Pour les directions d’entreprises, l’humain n’a jamais autant été « au centre » de l’équation du profit maximum. Mais l’humain n’en a jamais autant été la variable. Avec les dégâts que l’on connaît.

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