Dans le tourbillon d'informations de la semaine passée, il en est une qui n'est pas passée inaperçue : La Grèce est bien un pays, peuplé avec des vrais gens, les Grecs. Ils ont élu un jour une assemblée et la classe politique est supposée leur rendre quelques comptes et solliciter leur avis avant de les mettre au régime sec, privatiser leur secteur public, les mettre en chômage technique, réduire leurs salaires, lever de nouvelles taxes, repousser l'âge de la retraite. On commençait à douter de l'existence des citoyens grecs, tant cet Etat n'était devenu, pour nos médias et nos politiques, qu'une dette abyssale creusée par un peuple au sens civique peu développé.
Que n'a-t-on pas entendu et lu cette semaine au sujet de la trahison du premier ministre grec qui entendait consulter les citoyens sur les mesures drastiques imposées par l'Europe. "Le comportement de la Grèce est un comportement anormal, qui n'est pas loyal à l'égard des chefs d'Etat européens, à l'égard des peuples européens", a ainsi déclaré la patronne du Medef, Laurence Parisot.
Les mêmes qui trouvent toutes les vertus au Printemps arabe et à l'émergence des peuples se sont empressés de vilipender le Premier ministre grec qui aurait dissimulé ce point de détail à ses homologues européens. Il ne faut pas être naïf, si ce dernier avait cru pouvoir se passer de cette formalité, l'idée lui aurait sans doute échappée. D'ailleurs, il a suffi de quelques heures pour que le projet de référendum soit enterré. Circulez, y a rien à voir.
Seulement cela fait des mois que le peuple grec, les syndicats se mobilisent, manifestent contre la purge qui leur est imposée et notamment contre la privatisation massive de tout le secteur public. Les citoyens refusent de payer une dette dont ils ne se sentent pas responsables pour satisfaire les agences de notation.
Aurait-on oublié que la jeunesse grecque a été baptisée « génération 700 euros » tant les salaires sont dérisoires, y compris pour les jeunes diplômés ? Plutôt que de nous montrer cette réalité-là, nos médias qui font décidément très bien leur job, se sont empressés de nous faire savoir que le record du monde de Porsche Cayenne (le modèle 4X4 parmi les plus chers du monde) était détenu par la ville de Larissa en Grèce. Une manière de nous dire : mais de quoi se plaignent-ils ? Ils roulent carrosse et ne paient pas l'impôt… qu'ils aillent donc se faire voir… chez eux.
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