lundi 6 février 2012

Vers la légalisation du chantage


L’ai-je bien descendu ? L’interrogation de la meneuse de revue parvenue au pied du grand escalier du music hall conviendrait très bien à Nicolas Sarkozy s’adressant à la fin de son quinquennat à Laurence Parisot. Oui, l’ai-je bien descendu ce Code du travail ? Ai-je bien fait sauter ces verrous qui vous empêchent de vous gaver ? Ai-je bien détricoté les normes sociales ? Pas tout à fait ? Il en reste encore ? Qu’à cela ne tienne, un dernier pour la route…
Les négociations sur les accords dits de compétitivité-emploi, voulus par Nicolas Sarkozy pour accroître la flexibilité du temps de travail et des salaires, débuteront le 17 février. Le chef de l'Etat a donné deux mois aux syndicats et au patronat pour négocier un accord national interprofessionnel fixant les conditions dans lesquelles les entreprises pourraient faire évoluer le temps de travail et les rémunérations en fonction de l'activité du moment, en échange d'une garantie de maintien des emplois. En clair, il s’agit rien moins que de permettre aux entreprises de baisser les salaires et faire suer le burnous sans qu’il soit possible pour un salarié de refuser le chantage. On a vu que même sans un tel dispositif législatif, des syndicats étaient enclins à signer des accords remettant en cause le temps de travail ou gelant les augmentations sans aucun succès en terme de maintien des sites et des emplois. Ces accords vont permettre de légaliser le chantage des employeurs « emploi contre salaires et temps de travail ». Ils ouvriraient la voie à la remise en cause d’un pilier essentiel du droit social français et du contrat de travail. 
Face à cette ultime accélération du calendrier politique et social, les syndicats ne peuvent rester l’arme au pied en prétextant par exemple ne pas vouloir mobiliser en période électorale pour conserver une sorte de neutralité. L’affaire est trop grave et l’on a vu avec la TVA sociale combien Nicolas Sarkozy est capable de fouler au pied les sondages quand ils ne lui sont pas favorables. Dans cette séquence politique, il est non seulement parfaitement légitime de faire l’inventaire des mauvais coups portés par ce gouvernement et ce chef de l’Etat, mais il est aussi et jusqu’au terme de son mandat, légitime de les combattre et d’exiger dès maintenant que des mesures de progrès social soient mises en œuvre. Rien de ce qui sera fait dans ce sens par les forces syndicales ne sera perdu…et cela, quel que soit le résultat des échéances politiques.


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