jeudi 1 novembre 2012

Il était une fois... le 22 octobre 1941... 27 hommes sont morts


Il y a 71 ans, le 22 Octobre 1941, dans la clairière des sablières, près de Nantes, les 27 de Châteaubriand exécutés par les nazis sont, ouvriers, instituteurs, étudiants, pêcheurs ou députés. Ils ont été désignés par le gouvernement de Vichy, après que le 20 octobre près de la cathédrale de Nantes, deux jeunes résistants aient abattu le lieutenant-colonel Hotz, Feldkommandant de la ville.

Les nazis sont fous de rage, ils annoncent qu’ils fusilleront 50 otages. Le gouvernement de Pétain obéi, il les choisi parmi les 600 prisonniers politiques du camp de Choisel, ce qui correspond à l’ordonnance du Général Schaumburg, commandant du « Gross Paris », « tous les Français en état d’arrestation sont considérés comme otages ». Le 22 octobre 1941,  tombaient 48 résistants, otages fusillés par les nazis, avec la complicité des autorités françaises, dont 21 à Nantes et Paris et les 27 de Châteaubriant. Le soir même le maréchal Pétain appelait les Français à « aider la justice » en dénonçant les résistants.

Ils étaient des syndicalistes, des dirigeants de grandes fédérations de la CGT, des  communistes, des patriotes, des résistants de la première heure. Ils ne furent pas choisis au hasard mais désignés par Pierre PUCHEU, l’un des grands représentants du Patronat,
ministre de l’intérieur de Pétain. De ce patronat qui avait choisi son camp en criant « Plutôt Hitler que le Front Populaire ».

Ces syndicalistes avaient été à la tête des luttes sociales qui avaient conduit à des avancées sociales majeures en 1936, comme la semaine de 40 heures, les congés payés et les premières conventions collectives. Résistants de la première heure, ils furent internés
et fusillés les premiers. Ces exécutions visaient à empêcher les premiers actes de résistance, à tuer dans l’œuf l’espoir. Les jeunes avaient donné le ton dès novembre 1940. Les 8 et 11 Novembre, les lycéens et étudiants dénonçaient l’arrestation du professeur Langevin, et remontaient les Champs-Élysées pour se rassembler devant l’Arc de Triomphe.

La jeunesse paiera un lourd tribut pour ses actes de résistance. Le 24 Octobre 50 autres seront exécutés au camp de Souge en Gironde, après une nouvelle action de la résistance à Bordeaux La Résistance avait bien un double objectif : libérer la France et l’Europe du fascisme et jeter les bases de la reconstruction du pays. Il s’agissait de reconstruire en s’appuyant sur  l’indépendance économique de la France, la maîtrise des grands moyens de production et une politique innovante de protection sociale.

La CGT contribua grandement à faire inscrire ces objectifs, qui ont associé étroitement idéal de liberté, progrès économique et progrès social, dans le programme du Conseil National de la Résistance.

Nous ne devons pas laisser s’effacer des mémoires que les Fusillés de Châteaubriant étaient des syndicalistes, et parmi eux des communistes, des chrétiens, ou simplement des patriotes qui ont influencé en profondeur les combats, les valeurs de la Résistance. Pas par instinct de propriété, mais pour souligner le sens et la portée transformatrice de leur engagement. Le patronat rêve de revenir sur ces acquis sociaux et se livre à des attaques incessantes contre les conquêtes de la Libération en invoquant la compétitivité, la concurrence des pays à bas coût et maintenant le coût excessif d’un système social qui serait devenu un fardeau pour les générations futures. Mais il est aussi actif pour réécrire l’histoire, comme on l’a vu sur le cas de Louis Renault que les milieux patronaux veulent réhabiliter. Il s’agit de faire oublier la collaboration d’une grande partie du patronat avec le nazisme.

Cette réécriture de l’histoire vise à brouiller les repères, à affadir ou à dénaturer les combats de nos camarades fusillés à Châteaubriant. Ces fusillés pour l’exemple, issus de la classe ouvrière, ont fait par leurs actes de résistance honneur à la France. Leur message universel rejoint celui des peuples qui aujourd’hui se soulèvent de partout sur la planète pour briser le carcan imposé par des régimes dictatoriaux et corrompus.

Comment ne pas remarquer enfi n l’audience des thèses de l’extrême droite dans une période qui, à bien des égards, présente des similitudes avec celle de la montée du fascisme en Europe. Cette montée d’une extrême droite qui cherche à camoufler ses racines profondes et sa fi liation historique avec la collaboration et se drape dans un discours social pour duper le monde du travail n’est pas un fait banal dans cette période de crise profonde.

La CGT a pris ses responsabilités pour alerter le monde du travail sur le danger majeur de ces thèses pour la démocratie et les libertés. Brecht ne disait-il pas que le ventre de la bête immonde est encore fécond ?

Le 21 octobre 2012 s’est tenu à Châteaubriant, comme chaque année un grand rassemblement populaire et de la jeunesse, à l’appel de l’Amicale de Châteaubriant. Sans avoir l’ampleur de celui du 70e anniversaire en 2011, il perpétue la mémoire, le souvenir et notamment l’appel de Guy MOQUET, l’un des 27 de Châteaubriant « Vous qui restez, soyez dignes de nous ».

Oui, soyons dignes d’eux dans nos actes de résistance et dans notre ambition de transformation sociale pour construire une société au service de l’Homme.

Aucun commentaire: