L’ex-omniprésident
était passé maître en communication politique et dans ce qu’on nomme le
« storytelling ». Il s’était fait élire en se peaufinant une image de
pourfendeur de tabous en tous genre. Il a très vite agacé, très
rapidement déçu ceux qui avaient cru dans ses roulements d’épaules et
fâché beaucoup de gens.
Aussi on peut rester perplexe devant cette
manière de faire de certains membres du gouvernement et du Premier
ministre en particulier qui face aux vieilles antiennes et lubies du
patronat et des libéraux se croient obligés de dire tantôt que la
question du coût du travail ou que celle des 35 heures ne sont pas un
« sujet tabou ».
La petite phrase de Jean-Marc Ayrault sur ce dernier sujet lui a valu
une nouvelle fois de se démentir aussi sec, ce qui donne au passage du
grain à moudre à ceux qui lui font procès d’amateurisme. « Pan sur le
bec », comme on dit au Canard enchaîné. On préférerait franchement que
les charges de la droite contre le gouvernement se fassent contre des
décisions qui tranchent véritablement, qui marquent une vraie rupture
avec ce qui s’est fait jusqu’ici dans le domaine social.
S’il est des
tabous auxquels Jean-Marc Ayrault et ses ministres doivent s’affronter,
ce sont ceux par exemple du partage de la richesse, d’une réforme du
financement de la protection sociale plus favorable à l’emploi et qui
s’attaquerait à la spéculation. Le vrai courage politique c’est de faire
ce pour quoi on a été élus et non de panser les dégâts d’un système à
bout de souffle.
Pourquoi faudrait-il remettre en cause la RTT qui a permis le développement de secteurs économiques comme le tourisme, l’immobilier, les activités culturelles ? Elle a aussi permis d’obtenir une productivité horaire que le monde entier nous envie. La compétitivité de notre pays se joue dans la formation d’un salariat qualifié et sa reconnaissance, dans la recherche et l’innovation, dans le mode de management.
Ce « Wall Street management » que l’Ugict-CGT
dénonce engendre un mal-vivre au travail et une démobilisation des
salariés.
Cette logique sécrète souffrance et dégradation du travail et
va à l’encontre de la qualité du travail et de son efficacité. La mise
en cause actuelle de la RTT, à travers des forfaits-jours insuffisamment
encadrés, l’augmentation du temps de travail chez soi (passé de 30 à 52
% pour les cadres en cinq ans), demande des mesures urgentes pour
favoriser l’équilibre de vie, l’efficacité professionnelle et la
productivité.
Quel sens et quelle efficacité aurait un allongement de la
durée du travail à un moment où le chômage s’envole, à l’heure où la
question posée est de travailler mieux, travailler tous, travailler
enfin pour les plus jeunes, travailler encore pour les seniors ?
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mardi 6 novembre 2012
Qu’est-ce donc que le courage en politique ?
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