Le report de la loi Sécurité Ascenseurs Existants (SAE) est un faux débat. Les entreprises du secteur ascenseur et notamment les quatre grands groupes (Otis, Thyssen, Schindler et Kone) qui se partagent l’essentiel du marché ont déjà commencé à « dégraisser » les effectifs, soit à travers des plans dits sociaux, soit avec des ruptures conventionnelles, des licenciements individuels abusifs, des départs non remplacés.
Pour l’emploi, le patronat de la branche est plus à l’écoute des actionnaires que des usagers (propriétaires et locataires) et pas pour des raisons de sécurité. Pour préserver les dividendes les patrons refusent de donner les moyens aux techniciens de maintenance pour faire l'entretien correctement, aux monteurs pour livrer des appareils « nickels » et aux réparateurs pour faire correctement leur travail pour qu'il n'y ait pas de dysfonctionnements après la mise en service. L’encadrement et les administratifs sont aussi sous pression. La dégradation des conditions de travail est telle, que les risques psychosociaux (dépressions, suicides ou tentatives) se multiplient et viennent s’ajouter aux accidents de travail.
Hypocritement, les patrons font du chantage à l'emploi pour culpabiliser les usagers, alors qu’ils sont les seuls responsables de la dégradation de l’emploi et des conditions de travail.
La sécurité des salariés et des usagers à beaucoup moins de valeur que leurs actions en bourse !
Le retard dans la mise en œuvre de la loi SAE a deux explications : le refus du patronat d’embaucher au niveau nécessaire pour répondre aux travaux malgré l’intensification du travail ; la baisse du pouvoir d’achat des usagers copropriétaires qui supportent les charges des immeubles, les loyers surélevés, les coûts de l’énergie...
Il faut embaucher dans ce secteur pour faire les travaux obligatoires en toute sécurité et qualité. Il faut augmenter les salaires pour que les travailleurs/usagers puissent faire face à la mise en conformité de leurs habitations.
La loi SAE est bien une affaire de sécurité qui concerne les usagers et les salariés de la profession. L'État ne doit donc pas s'enrichir dans ce domaine de la sécurité en encaissant de la TVA, en particulier dans les logements sociaux, la TVA doit être à un taux zéro.
Les appels d’offres des contrats, travaux et neuf doivent avoir des clauses sociales, car la mise en concurrence des entreprises est en réalité une mise en concurrence des salariés et une dégradation du métier.
Le recul de la date d’échéance de la loi SAE n’aurait aucune incidence économique. Il faut construire les 800 000 logements sociaux manquant en France. Le candidat Hollande avait promis 500 000 logements par an dont 150 000 logements sociaux, qui doivent être aux normes « handicapés ». Pour aider à leur financement, il faut revaloriser le taux d’intérêt du livret A qui sert au financement des logements sociaux et augmenter son plafond.
La branche ascenseur, avec les obligations de la loi SAE, met en évidence les méfaits de l’austérité : l’emploi est détruit, le pouvoir d’achat est atone. Le patronat de la branche, comme les pickpockets distrait le consommateur avec de faux arguments pendant qu'il lui fait les poches avec de vraies factures. Cette activité est toujours financièrement juteuse. Les employeurs peuvent payer les embauches et les hausses de salaires. La crise, si elle touche le bâtiment, ne touche pas les bénéfices des quatre grands de l'ascenseur.
Montreuil, le 17 mars 2013
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