Après les intermittents du spectacle, le MEDEF s'attaque désormais aux cadres. Toujours la même logique : faire payer le déficit de l'assurance chômage par les salariés. Pour financer le régime et lutter contre la précarité, les organisations syndicales proposent pourtant d'augmenter les cotisations sur les contrats précaires, ce que le patronat refuse.
Le texte déposé jeudi 20 mars par le patronat lors de la négociation assurance chômage est une attaque en règle contre les cadres et aboutira à la casse de l'efficacité de notre système de protection sociale.
Le patronat propose que les indemnités des demandeurs d'emploi de plus de 61 ans soient plafonnées à 1500€ ce qui entrainera une baisse de revenu très importante pour les cadres.
Le patronat propose également de baisser le plafond des allocations-chômage à 3592 euros, alors que seuls 23.000 demandeurs d'emploi sont indemnisés entre 3500 et 7000 euros.
Les gains financiers dégagés par cette mesure seraient en réalité très faibles.
Par son positionnement, le MEDEF laisse entendre que les cadres abuseraient du système. Ce discours prépare les esprits pour une prochaine baisse de plafond et oppose artificiellement les salariés entre eux.
Double peine pour les licenciements ?
Enfin, les licenciés économiques qui réussissent à arracher une prime supra légale se verraient privés d'indemnité chômage, de même pour les salariés qui réussissent à négocier une contrepartie financière dans le cadre de leur rupture conventionnelle. Un délai de 75 jours existe pourtant déjà pour les salariés qui réussissent à arracher une contrepartie à leur licenciement.
Avec la règle proposée par le patronat, un ancien salarié de La Redoute avec 20 ans d'ancienneté ne serait indemnisé par l'assurance-chômage qu'après 533 jours.
Cette disposition pénaliserait tous les licenciés économiques et les salariés quittant l'entreprise après une rupture conventionnelle, et en particulier les cadres.
L'UGICT-CGT dénonce une tentative populiste et rappelle que les cadres contribuent aujourd'hui beaucoup plus au financement de l'UNEDIC qu'ils ne lui coûtent. Plafonner les allocations chômage reviendrait à pousser les cadres vers un système assurantiel individuel, et à casser ainsi la solidarité et la contributivité qui fondent notre système de protection sociale.
En 2013, les salaires des cadres ont baissé en euros constants. 20% des cadres sont désormais payés en-dessous du plafond de la sécurité sociale. Dans un contexte de politiques de trappes à bas salaires, ce tassement salarial conduit à un recul important du paiement des qualifications alors que les cadres et les classes moyennes sont déjà fortement mis à contribution fiscalement pour rembourser le chèque de 30 milliards consenti par l'Etat au patronat.
Avec ces mesures, les cadres sont traités comme des boucs émissaires, tandis que le MEDEF impose son agenda social.
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