vendredi 12 septembre 2008

Amiante : les syndicats d'Otis portent plainte, 160 techniciens concernés


PARIS, 11 sept 2008 (AFP)

Les syndicats (CGT-CFDT-FO-CFTC-CFE-CGC) d'Otis ont porté plainte contre X auprès du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-Seine), estimant que l'ascensoriste ne prenait pas les mesures suffisantes pour protéger ses salariés de l'amiante, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

"On pense qu'environ 160 techniciens" encore en activité ont déclaré une maladie liée à l'amiante, a indiqué à l'AFP Jean-Luc Rigail, représentant CGT au comité de groupe d'Otis, citant un chiffre non officiel circulant au sein de l'entreprise.

"La direction ne communique pas clairement auprès de nous", a-t-il poursuivi, évoquant des "bribes d'informations captées à droite à gauche", à la suite de la mise en place par Otis il y a "trois ans de mesures de suivi des salariés d'un certain âge" qui sont "appelés à passer des visites médicales plus pointues".

Selon le site internet spécialisé MiroirSocial qui a révélé l'information jeudi, la "Sécurité Sociale a pour le moment reconnu des maladies professionnelles liées à l'amiante pour 153" techniciens d'Otis. Ce nombre ne prend pas en considération les salariés déjà à la retraite.

Interrogée par l'AFP, la direction d'Otis a indiqué ignorer l'existence de cette plainte et affirmé que des des "plans draconiens" avaient été "mis en place" contre l'amiante encore très répandu dans les anciens ascenseurs.

La plainte, déposée fin juillet et dont l'AFP a eu copie, porte sur une "violation manifestement délibérée des obligations de sécurité et de prudence imposées par la législation relative à la protection des salariés contre les risques liés à l'inhalation de poussières d'amiante".

La plainte a été déposée par le cabinet d'avocats parisien qui avait en charge le dossier d'Alstom Power Boilers, a précisé l'un de ses avocats.

La société, jugée pour avoir exposé ses salariés à l'amiante, a été condamnée en mars dernier par la cour d'appel de Douai (Nord) à 75.000 euros d'amende, la peine maximale, et un ancien directeur d'usine à trois mois de prison avec sursis et 3.000 euros d'amende.

Concernant Otis, cette "plainte collective est une première", a souligné M. Rigail de la CGT. Elle vise "à contraindre l'employeur à prendre des mesures, certainement lourdes et coûteuses, pour éradiquer l'amiante des produits fabriqués" par la société.

"Trop de salariés sont encore exposés à l'amiante dans notre entreprise parce qu'on a affaire à une direction qui depuis toujours est dans le déni", a-t-il affirmé.

"Pendant des années, les constructeurs d'ascenseurs ont utilisé l'amiante dans certaines pièces, notamment les contrôleurs. Ces contrôleurs, des boîtes qui manoeuvrent l'ascenseur, sont régulièrement ouverts pour être dépannés par des techniciens qui sont à ce moment-là au contact de poussières d'amiante", a-t-il expliqué.

© 2008 AFP

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