lundi 27 avril 2009


Enlever les pleins pouvoirs aux actionnaires



Nicolas Sarkozy et le Medef portent aujourd’hui l’entière responsabilité de la dégradation du climat social. Le discours selon lequel tout le monde doit payer la crise et partager les efforts est inacceptable. Depuis le début de l’année, un nombre croissant de salariés manifestent pour exiger des réponses à la crise. Celles-ci nécessitent un rééquilibrage de la production et de la répartition des richesses en faveur du travail, et non un partage de la pénurie au sein du salariat.

Le monde du travail fait preuve d’une très grande responsabilité, face à laquelle le pouvoir en place n’affiche que mépris et refus. Voulant empêcher à tout prix l’élargissement du mouvement social soutenu par les trois quarts de la population, il médiatise quelques «séquestrations» de patrons pour inspirer des sentiments de crainte et de risques de dérapage vers la violence.

Cela ne correspond pas à la réalité de salariés en état d’urgence sociale et qui définissent leurs formes d’action en obligeant des patrons décideurs à négocier.

Manifestement, Nicolas Sarkozy et le Medef veulent renouer avec les vieux démons de la droite française: susciter le trouble et crier à la «chienlit» pour mieux rétablir l’ordre en évitant de répondre aux revendications posées. Le piège est grossier. Il révèle surtout un pouvoir en grande difficulté.

Les cadres et les techniciens sont mis, quant à eux, sous pression maximale. Chez Renault, les cadres sont sommés de renoncer à des jours de Rtt pour financer le chômage technique et épargner les actionnaires.

N’en déplaise à ceux qui cultivent la division, la grosse majorité des cadres et des techniciens est aujourd’hui de plain-pied dans le mouvement social, pour eux-mêmes et au regard de leurs responsabilités, en solidarité avec l’ensemble des salariés. Beaucoup d’informations prétendument confidentielles sur des projets et des stratégies à venir sont ainsi transmises aux syndicats pour aider l’action collective.

Même si les acquis obtenus ne règlent pas l’ensemble des questions, les actions chez Edf, Alsthom, aux Finances, dans l’Enseignement supérieur incitent à amplifier une démarche d’actions offensives. Les revalorisations salariales pour reconnaître les qualifications, le droit d’exercer son libre arbitre sont à l’ordre du jour dans l’encadrement. Il est temps d’enlever les pleins pouvoirs aux actionnaires et de réhabiliter la notion de maîtrise publique en matière de développement industriel et de services.

La préparation d’un 1er Mai d’ampleur exceptionnelle, unitaire pour la première fois depuis la Libération, constitue une nouvelle étape dans l’élargissement de la mobilisation. Au-delà, se profilent des initiatives coordonnées par la Ces dans différents pays d’Europe pour la mi-mai.

Rien de ce qui se construit aujourd’hui n’est artificiel. C’est sur chaque lieu de travail, dans chaque entreprise et administration que le travail doit prendre le pas sur la finance. S’organiser, développer des espaces d’échanges spécifiques aux cadres et aux techniciens est le moyen d’amplifier la dynamique engagée.

Jean-François Bolzinger
Secrétaire général adjoint de l’Ugict-CGT.

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