mardi 22 septembre 2009


Hôpital : les malades paieront plus cher

C’était dans l’air : le forfait qui couvre les frais hôteliers (repas, hébergement...) liés à une hospitalisation passera de 16 € à 18 € par jour. Objectif : résorber le déficit de la Sécu.

L’ELYSEE a tranché. En 2010, le forfait hospitalier augmentera de 2 €. Actuellement de 16 € par jour, cette participation aux frais d’hébergement payée par un malade soigné à l’hôpital passera donc à 18 € à partir du 1 e r janvier 2010. Soit une progression de 12,5 %. Cette hausse ne concernera pas tous les malades : seront exonérés les femmes enceintes hospitalisées pendant les quatre premiers mois de leur grossesse ou juste après leur accouchement, les bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire, les accidentés du travail... Conscient de l’impopularité de la décision, le gouvernement rappelle que la dernière augmentation remonte à trois ans (le forfait était passé de 13 €à 16 € entre 2005 et 2007). Sous-entendu : compte tenu de l’inflation et de l’évolution du coût de la vie, cette hausse n’est pas énorme. Un point de vue que ne partagent pas, évidemment, les syndicats. La CGT, dont une délégation a rendez-vous après-demain avec Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, estime que cette mesure va « entraîner une baisse du pouvoir d’achat et, surtout, une moins bonne couverture des soins ».
D’un côté, « on creuse davantage les inégalités sociales », de l’autre, « on maintient les exonérations de charges sociales dont bénéficient les entreprises », dénonce, ulcéré, Daniel Prada, chargé des questions de santé à la CGT. Et d’ajouter que ce n’est pas de la faute des assurés sociaux si, avec la crise, les comptes de la Sécu se sont nettement détériorés en raison de la flambée du chômage.

On racle les fonds de tiroirs

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Confrontés à un déficit qui dépassera cette année les 20 milliards d’euros ­ dont 11 pour la branche maladie ­, les pouvoirs publics raclent les fonds de tiroirs. Augmenter le forfait hospitalier de 2 € permettra ainsi de récupérer 160 millions d’euros. De la même manière, les plus-values réalisées grâce à la vente d’actions, d’obligations ou de Sicav seront soumises à prélèvements sociaux (CSG et CRDS, soit 12,1 %) dès le premier euro. Jusqu’ici, les revenus de capitaux mobiliers n’étaient imposés qu’à partir de 25 730 € de cessions de titres par an. Cette mesure devrait rapporter près de 100 millions d’euros. Enfin, alors que les scandales sur les rémunérations des dirigeants se sont multipliés ces derniers mois, Xavier Darcos, le ministre du Travail, a confirmé ce week-end le doublement de la taxation des retraites chapeaux, ces compléments de pension généralement réservés à certains cadres dirigeants.
Soit 50 millions d’euros de plus pour les caisses publiques.

Olivier Baccuzat

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