mardi 24 novembre 2009


Parité au travail : Médiocre bilan pour Laurence Parisot

Il paraît que Laurence Parisot a médusé son auditoire masculin, lors d’un point de presse au Medef, en affirmant que la « seule » solution pour l’égalité hommes femmes dans l’entreprise, « c’est, s’il vous plaît, que les mecs, vous soyez moins machos et un peu moins misogynes ».

Mais qu’y a-t-il donc de si percutant et audacieux dans les propos de la patronne des patrons ? La trivialité de son langage ? Qu’elle s’adresse à un parterre de costumes cravates en des termes directs en les interpellant ?
Laurence Parisot sait bien que de tels propos seront ensuite repris par une presse avide de bons mots. D’autant plus que, en dehors de ces exhortations un peu stériles, le patronat fait tout ce qu’il faut pour que l’on fiche la paix aux entreprises et que, surtout, jamais on ne sanctionne ni ne contraigne.
Elle sait pouvoir compter sur le gouvernement qui, voici deux ans, brandissait la menace de sanctions financières, mais qui finalement soumet à nouveau la question aux « partenaires sociaux » et répugne à sanctionner.

Sur ce sujet, « l’heure n’est plus à débuter un nouveau processus de négociation mais à appliquer et faire appliquer les lois et les accords collectifs avec rigueur pour progresser correctement », soutient la CGT, qui réclame la mise en œuvre sans délai de l’engagement, pris en 2007 par le ministre du Travail, d’appliquer dès 2010 des sanctions financières à toutes les entreprises qui n’auraient pas eu de négociations « égalité » en 2009.

C’est en effet tout un corpus de lois, d’accords, de transcriptions de textes européens qu’il convient de mettre en application. Si le patronat traîne des pieds, c’est parce que l’inertie ne lui coûte rien et, surtout, parce qu’il a besoin d’avoir toujours un marché du travail à plusieurs vitesses avec des inégalités. Car, au fond, n’offrir aux femmes que des carrières et des salaires médiocres, c’est aussi une manière de s’offrir les qualifications au prix le plus bas.

Les « qualifs en low cost », en quelque sorte. Car, ne l’oublions pas, le niveau de qualification des jeunes femmes a rejoint, voire dépassé, celui des garçons, y compris dans certains secteurs qu’on leur croyait interdits. La question de l’inégalité entre les femmes et les hommes ne saurait se limiter à celle du nombre de femmes dans les conseils d’administration, qui resteront de toute façon de tout petits cercles.

Le débat ne peut se laisser enfermer dans des symboles quand tant de femmes subissent des écarts de rémunération de 27 % par rapport à leurs collègues hommes. Voilà quatre ans qu’une femme incarne le patronat dans notre pays, tout un symbole… qui n’a pas fait reculer la précarité, le harcèlement, la discrimination, les inégalités des femmes au travail.
Sur cette question, il faut arrêter de jouer petit bras.

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