Retraite et pénibilité : le double langage du gouvernement
S’il n’est pas encore possible de dire quel sera le calendrier du chantier des retraites en 2010, on peut déjà cependant prédire qu’il ne sera pas une partie de plaisir.
En effet, François Fillon a donné le ton et une première date: «Le Conseil d’Orientation des Retraites nous présentera ses prévisions financières en avril. Nous connaissons tous les instruments qui sont à notre disposition : les cotisations, la durée légale d'activité, l'âge de départ à la retraite, adéclaré le Premier ministre lors de ses voeux à la presse. Au regard des évolutions de notre démographie, personne ne doit s'attendre à des décisions faciles pour assurer la pérennité de nos régimes de retraites. Nous les assumerons».
Quant au ministre du Travail, Xavier Darcos, il a précisé mardi lors d'un débat au Sénat qu'il n'y avait pas «d'autre solution que de travailler plus longtemps»pour assurer le financement des retraites. Et le même Xavier Darcos s’apprête à réitérer le «coup de la pénibilité». En effet, bien conscient que l’opinion est très sensible à ce que la pénibilité du travail soit enfin reconnue pour justifier un départ anticipé à la retraite, le gouvernement entend monnayer cette reconnaissance contre l’acceptation de sa réforme.
Cela, alors que les négociations sur le sujet sont restées dans l’impasse à cause du Medef, conforté dans son attitude par la non ingérence du gouvernement dans ces négociations. Mais qu’en est-il au juste des intentions réelles du gouvernement ? On peut se poser la question puisque dans le même temps, Roselyne Bachelot s’apprête précisément à supprimer la reconnaissance de la pénibilité pour les infirmières des hôpitaux publics en les alignant sur le régime général.
En échange de la reconnaissance de leur formation au niveau bac+3, qui va leur permettre de passer en catégorie A de la Fonction publique et d'améliorer (mais pas de façon spectaculaire) leur rémunération, les infirmières vont perdre le bénéfice de la possibilité de départ en retraite anticipée à 55 ans.
Pourtant, tout justifie le maintien de ce dispositif: travail de nuit, travail posté, port des patients, produits toxiques, pénurie organisée de personnels, charge émotionnelle (souffrance, mort), responsabilités… «Un cinquième des infirmières et un tiers des aides soignantes partent en invalidité avant l’âge de 55 ans, rappellent la CGT et sa fédération de la Santé et de l’Action sociale dans un communiqué du 14 janvier.
Ce n’est que justice sociale de maintenir la reconnaissance de la pénibilité dans ce secteur, de l’élargir aux salariés de la santé privée ainsi qu’à tous les salariés qui travaillent dans les mêmes conditions et dont l’espérance de vie moyenne est amputée de plusieurs années».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire