lundi 19 avril 2010
A en croire François Fillon qui s’est fait remettre le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites en vue d’entamer leur réforme, « l’enjeu que nous allons devoir relever n’est pas un enjeu de droite ou de gauche, c’est un enjeu démographique ». C’est comme les anges donc… ni hommes, ni femmes… des anges.
Cette manière de banaliser les choix qui sont devant nous relève ou de l’imposture ou de l’angélisme. Mais on écartera la deuxième option dans la bouche de celui qui a déjà signé la réforme précédente du système des retraites.
Imposture en effet, car au-delà des affrontements politiques au sens parlementaire du terme, c’est en effet un choix de société qui est posé à notre pays. Et un choix de société n’est jamais neutre politiquement. Affirmer le contraire, c’est faire croire que la vie de la cité peut être régie par de simples équations, des calculs et des ratios.
Nous sommes à l’évidence placés devant des choix qui ne relèvent pas seulement des partis traditionnels et pour lesquels le corps social doit s’exprimer.
La bonne nouvelle de l’allongement de la durée de la vie doit-elle être confisquée au seul usage et au seul bon vouloir des actionnaires et des directions d’entreprises ? La vie ne doit-elle se résumer qu’au labeur ? Où doit être placé le curseur de la répartition des richesses qui a été singulièrement orienté en faveur des revenus de la rente depuis trente ans au détriment des salaires, de la protection sociale ?
On le voit, répondre à ces questions ne relève en rien de la comptabilité. Le Premier ministre exclut, à dessein, de son propos une autre hypothèse, celle d’une réforme libérale ou plutôt d’une accélération des mécanismes libéraux qui, de réformes en réformes, ouvrent la voie à la retraite par capitalisation, dégagent le terrain pour un vaste marché de la retraite.
François Fillon, Nicolas Sarkozy, Laurence Parisot usent de la dramatisation des hypothèses financières et démographiques pour affoler les Français et les contraindre à accepter l’inacceptable. Ils voudraient s’exonérer de la contestation sociale en imposant aux organisations syndicales un calendrier à marche forcée.
Les organisations syndicales sont pour l’heure vent debout contre l’hypothèse d’un report de l’âge de la retraite et d’un allongement de la durée de cotisation. Elles ont fait de cette question un des thèmes revendicatifs d’un 1er mai qu’elles ont choisi (à l’exception notable de FO) de placer sous le signe de l’unité.
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