Salaires : le sujet qui fâche…
Alors que se multiplient les conflits autour des négociations annuelles obligatoires, le cabinet de conseil en ressources humaines Aon Hewitt a indiqué la semaine passée que 2011 serait encore une nouvelle année de faible progression pour les salaires.
En dépit des signes annoncés de reprise, les augmentations avoisineraient en moyenne les 2,6 % alors que les attentes des salariés sont très fortes, notamment en raison des très fortes hausses de nombre de dépenses incompressibles. On est là dans des niveaux qui restent bas alors qu’ils ont été selon ce cabinet de 3,3 à 3,5 % en moyenne ces trente dernières années, mais à 2,6 % et 2,7 % en 2010 et 2009.
Alors que l’inflation devrait avoisiner les 2 % en 2011, Aon Hewitt précise que les augmentations collectives seront de seulement 1,4 % en moyenne en 2011.
On voit donc bien que la part des augmentations individuelles va presque égaler les augmentations générales. Cependant, le cabinet note que les prévisions d’augmentations collectives (1,4 %) sont plus importantes en 2011 qu’en 2010 (0,8 %) et 2009 (1,3 %), alors que les prévisions d’augmentations individuelles pour 2011, de 2 %, baissent de 0,3 % par rapport à l’an passé. Les directions auraient elles spontanément changé de politique salariale en levant le pied sur l’individualisation ? Nous ne sommes pas naïfs, c’est bien la pression sociale qui les contraint à revenir en arrière sur des mécanismes qui génèrent une très forte insatisfaction dans toutes les catégories de salariés.
Soumis à la rigueur depuis des années, les salariés refusent aussi de plus en plus le chantage implicite (quoique de plus en plus souvent explicite) qu’exercent les directions d’entreprise sur le thème des salaires jouant contre l’emploi. Dans un certain nombre de grandes entreprises, la pression revendicative a été assez forte pour que les directions lâchent du lest. Ailleurs, où les directions campent sur des propositions moins substantielles, de nombreuses entreprises font face depuis plusieurs semaines à des conflits : Thales Avionics, Thales Communication, Alcatel-Lucent, Decaux, Faurecia, Mondadori, Prisma, DCNS (chantiers navals), Lyonnaise des Eaux notamment, Intermarché, etc.
Alors que tous les efforts et les sacrifices de la réforme des retraites leur sont imposés, les salariés revendiquent aujourd’hui au travers de ces négociations annuelles obligatoires un autre partage des richesses créées. Ils veulent rompre avec cette logique qui a permis depuis 25 ans de multiplier par 13 les dividendes tandis que les salaires n’ont même pas doublé. Cette exigence, les salariés les plus qualifiés, les cadres et ingénieurs la partagent, tout comme ils rejettent de plus en plus l’individualisation. Au-delà des augmentations générales, ils aspirent aussi à une vraie reconnaissance dans les grilles de rémunération de leurs qualifications et de leurs responsabilités.
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