mercredi 6 juillet 2011

Casse des retraites : le Medef insatiable


Le Conseil d'orientation des retraites (COR) doit rendre aujourd'hui un avis présenté comme « technique », mais préconisant un allongement de la durée de cotisation à 41 ans et demi. Le gouvernement applaudit, les syndicats s'insurgent.

Le piège se referme sur les salariés. Quelques jours après l'entrée en vigueur, le 1er juillet, de la contre-réforme des retraites, combattue par des millions de manifestants l'automne dernier, le Conseil d'orientation des retraites (COR) s'apprête à rendre, ce mercredi, un « avis technique » incitant le gouvernement à porter immédiatement à 41 ans et demi le nombre d'annuités exigées pour les générations nées à partir de 1955.

Alors que l'année dernière, en présentant son projet, le gouvernement avait évoqué le passage à 41 ans et demi à l'horizon 2020 au plus tôt et que les scénarios aux accents catastrophistes émanant du COR ont déjà bien servi la propagande gouvernementale, cette instance présentée comme pluraliste, mais où les représentants des syndicats et les parlementaires de gauche sont sous-représentés, tient une fois de plus son rôle de supplétif dans la guerre contre les droits des salariés.

Devançant la publication et la discussion interne, au COR au sujet de cet avis, Xavier Bertrand a expliqué, hier matin, sur l'antenne d'Europe 1, qu'il publierait avant décembre un décret dans le sens préconisé par l'avis. « C'est logique et nécessaire pour préserver l'équilibre de notre système de retraite », argue le ministre du Travail. Non content d'avoir enterré le droit à la retraite à 60 ans, le gouvernement se retranche maintenant derrière le caractère présenté comme purement « technique » et, en fait, technocratique de cette décision : « C'est tout simplement l'application de la loi de 2003, affirme Xavier Bertrand. Nous ne faisons qu'appliquer les textes. »

Laurence Parisot repasse a l'attaque

Pour les syndicats qui, de leur côté, vont émettre un avis négatif sur le document du COR, ce nouvel allongement de la durée de cotisation conduira immanquablement à baisser les niveaux des pensions. La CFDT, qui, non sans remous internes, avait accompagné en 2003 la réforme Fillon engageant le pays sur la voie de cet allongement, dénonce aujourd'hui le « cumul injuste » entre le report à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite et une durée de cotisation portée à 41 ans et demi. « Cet allongement de la durée de cotisation est inacceptable, s'insurge Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT en charge des retraites.

La loi pénalise particulièrement ceux qui ont commencé à travailler jeune. Cette mesure restreindrait une fois de plus les possibilités de départs anticipés pour carrière longue. Les personnes ayant eu une carrière précaire ou morcelée seront également pénalisées. » Pour la CFTC, « le suivi intransigeant de cet avis serait une véritable provocation pour les travailleurs ». « En annonçant une durée à 41 ans et demi, le gouvernement impose une nouvelle austérité aux retraités qui vont subir une double peine : faire valoir leurs droits à la retraite deux ans plus tard et toucher une pension moindre », synthétise Solidaires.

Sans surprise, le Medef se réjouit de cette nouvelle offensive antisociale. Au diapason de la communication de l'UMP et du gouvernement, Laurence Parisot se range, elle aussi, derrière l'argument « technique » rendant inéluctable l'allongement de la durée de cotisation et surtout écartant commodément toute piste sur le financement. « En cas de gain en matière d'espérance de vie, il était prévu, dans la loi de 2003, qu'on modifierait la durée de cotisation » Réfutant, pour la forme, l'idée d'une « double peine » pour les salariés, la présidente du Medef repasse à l'attaque, bille en tête. « Nous avons dans nombre de pays européens des situations plus exigeantes encore pour les salariés, et ces pays continuent d'examiner des modalités d'évolution de leur système de retraite. Aucun gouvernement ne se dit que tout est stabilisé et que ça suffit. Nous avons en France un rendez-vous fixé en 2013 »

Thomas Lemahieu

Aucun commentaire: