COMMUNIQUE DE PRESSE Vincennes, le 22 février 2012
Italie-France : 2-0 Amiante : le scandale judiciaire continue
Alors qu’en Italie, deux anciens
dirigeants de l’entreprise d’amiante ciment Eternit ont écopé de 16 ans
de prison, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris vient
d’annuler les mises en examen des dirigeants d’Eternit France et de
dessaisir la juge d’instruction ! A la veille des échéances électorales,
l’Andeva interpelle les candidats et les partis politiques : pourquoi
les victimes de l’amiante n’auraient-elles pas droit, elles aussi, à un
grand procès pénal de l’amiante ?
L’annulation de la mise en examen des dirigeants
d’Eternit France et le dessaisissement de la juge Marie-Odile Bertella
Geffroy par la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris,
révélés par plusieurs journaux aujourd’hui, illustre la déroute de la
justice française dans le dossier pénal de l’affaire de l’amiante.
Après le procès de Turin, où les dirigeants d’Eternit
Italie ont été condamnés la semaine dernière à 16 ans de réclusion
criminelle et plusieurs centaines de millions d’Euros de dommages et
intérêts, la justice française, quant à elle, en est encore à se
demander, après 16 ans d’instruction, s’il faut poursuivre les
dirigeants de l’une des grandes entreprises responsables du plus grand
scandale de santé publique de notre pays !
Eternit, avec ses nombreuses usines d’amiante ciment en
France, a participé à la contamination de dizaines de milliers
d’ouvriers, a provoqué des milliers de morts évitables et a transformé
des villes entières comme Thiant, dans le Nord, en véritable « cimetière
de l’amiante ».
Ses dirigeants, des industriels de l’amiante, étaient
parfaitement informés des dangers de ce matériau cancérogène et ont
participé, au sein de l’association française de l’amiante, puis du
Comité permanent amiante (CPA), à en masquer les dangers pour retarder
des mesures de prévention indispensables qui n’auraient pas manqué de
faire baisser les profits de ces entreprises.
Plus grave encore, non seulement les ouvriers des usines
Eternit ont été condamnés par cette attitude criminelle des industriels
de l’amiante, mais ce sont aussi des milliers d’ouvriers du bâtiment
qui ont été contaminés en découpant des tôles ou des tuyaux
d’amiante-ciment sur des chantiers de construction.
En annulant la mise en examen des dirigeants d’Eternit
et en retirant l’enquête au magistrat le plus déterminé à la faire
progresser, la hiérarchie judiciaire veut marquer sa désapprobation
vis-à-vis de la perspective d’un grand procès de l’amiante, comme celui
qui s’est déroulé en Italie.
Pour la Justice française, comme pour une grande partie
des responsables politiques, ces grandes affaires de santé publique
n’ont rien à faire au pénal. Dès lors que les victimes ont été
indemnisées, il n’y a pas à aller « embêter » avec des poursuites
pénales les responsables de ces catastrophes, lesquels ont souvent été
des personnalités en vue, industriels, dirigeants politiques ou
hauts-fonctionnaires… Pensez donc, on ne va quand même pas mettre des
patrons en prison !
Alors qu’en Italie, le procès de Turin a été porté par
un procureur aussi déterminé qu’indépendant et des associations de
victimes, elles aussi très mobilisées, en France, seules les
associations de victimes veulent que les responsables de la catastrophe
soient jugés. Le parquet et le ministère de la Justice n’ont jamais
caché leur hostilité à cette procédure pénale et ils n’ont jamais manqué
une occasion de mettre des bâtons dans les roues à l’avancée de
l’enquête.
Ce nouvel avatar, en provenance de magistrats du siège,
n’est qu’une marque supplémentaire de l’hostilité de la société à faire
rendre des comptes à des responsables qui ont pourtant commis des fautes
d’une extrême gravité, aussi bien dans les conséquences de leurs actes
que dans leurs actes eux-mêmes…
L’Andeva interpelle les partis politiques et leurs
candidats pour qu’ils s’engagent à donner les moyens aux magistrats
instructeurs de conduire leurs investigations jusqu’au bout, dans un
délai raisonnable et, à terme, à modifier le Code pénal en s’inspirant
des qualifications et des peines prévues par la Justice italienne pour
mettre fin au laxisme en matière de délits non intentionnels.
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