Grève générale
aujourd'hui contre les réformes du marché du travail. La CGT portugaise dénonce
une politique dévastatrice et préconise une sortie par « le haut » de la crise.
Lisbonne
(Portugal),
envoyée
spéciale.
Les grandes
tours de verre de Galp Energia reflètent la réussite de ce mastodonte de
l'économie portugaise. Au compteur pour l'année 2011 : 433 millions d'euros de
profits. L'an passé, les actionnaires se sont augmenté leurs dividendes de 20
%. La crise économique qui frappe le Portugal n'atteint pas ce géant de l'énergie.
Les pactes d'austérité imposés à marche forcée par la troïka (BCE, UE, FMI),
depuis juin 2011, non plus. « L'administration refuse d'augmenter nos salaires,
déclare Jorge Gouveia, salarié de l'entreprise. Nous demandons juste qu'ils
soient relevés pour vivre décemment. » Dans un premier temps, la direction
s'est présentée à la table des négociations avec un 0 %. « Du mépris », lâche
le travailleur. Face à la pression de la CGT du Portugal, la principale
confédération, elle a lâché un 1 % d'augmentation. « Ça ne compensera même pas
les 3,6 % d'inflation de cette année », poursuit Jorge, en pestant contre une
direction qui prétexte la crise et la troïka pour saigner ses salariés.
« Pour un
changement de politique, pour les salaires, pour les services publics, le 22
mars, sans peur, pour la grève générale », exhorte les haut-parleurs devant
siège de Galp Energia. « Nous voulons démontrer que nous n'acceptons pas les
diktats, déclare Helder Guerreiro, coordinateur de la commission des
travailleurs de Petrogal, une branche de la multinationale. La crise n'est pas
inévitable et la grève du 22 mars veut le démontrer. »
le poison de
l'austérité
Des dizaines
de milliers de salariés ont signé la pétition contre le « plan d'exploitation
et d'appauvrissement » du premier ministre de droite, Pedro Passos Coelho, qui,
depuis sa prise de fonction, il y a moins d'un an, applique des réformes
antisociales d'une rare violence. Les 78 milliards d'euros de prêts
consentis par la troïka ont été conditionnés au gel des salaires et des
pensions, à l'augmentation de la TVA et des prix des transports, mais également
des tarifs du gaz, de l'électricité. Les allocations familiales et chômage ont
été lacérées. Certaines primes ont été supprimées. Les budgets des services publics
ont tous été amputés. Les Portugais boivent jusqu'à la lie le poison de
l'austérité : plus de 25 % de la population (10,5 millions d'habitants) vit
sous le seuil de pauvreté, dont 400 000 travailleurs.
Sur le plan
économique, les entreprises qui ont baissé le rideau se comptent par milliers.
Le gouvernement entend accélérer la privatisation des fleurons nationaux comme
l'énergie (EDP) ou encore le transport aérien (TAP). Et le projet de réforme du
marché de travail, qui sera discuté le 28 mars à l'Assemblée nationale, va
creuser davantage l'abîme social. Calqué sur les réformes en cours en Europe,
ce projet consacre la libéralisation des licenciements et leur coût. « C'est un
projet sans précédent d'altération du Code du travail, explique Armando Farias,
de la commission exécutive de la CGTP. Cette réforme veut instaurer une
augmentation du temps de travail mais tout en baissant les rétributions
salariales. »
Pour la
confédération, la seule à ne pas avoir apposé sa signature à ce projet, il faut
inverser les moteurs. « Il faut augmenter les salaires pour relancer le pouvoir
d'achat, faute de quoi l'appauvrissement des familles et des travailleurs
s'aggravera, fait valoir Helder Guerreiro. C'est aussi la condition pour faire
repartir une économie qui est en récession. » C'est le sens du message de la
grève générale d'aujourd'hui, après celle de novembre qui avait été suivie par
3 millions de Portugais.
Cathy
Ceïbe
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