lundi 26 mars 2012

Salaires : que le printemps bourgeonne !

Ça revient chaque année aussi sûrement que le rhume des foins. Dès que sont éclos les bilans des grandes entreprises et que ces dernières lâchent leur pollen pour les actionnaires. Avec chaque année des prémices d’une saison en avance, les conflits sociaux bourgeonnent, éclosent, parce que décidément l’hiver des fiches de paie dure trop. Pas de doute, c’est le printemps, les salariés exigent, dans l’unité le plus souvent, l’ouverture des Négociation Annuelles Obligatoires. La conflictualité salariale est donc de nouveau au rendez-vous. Il est d’ailleurs remarquable qu’elle se manifeste tant dans cette période où les échéances politiques tendent à supplanter le débat social.

La semaine passée a encore été marquée par des rassemblements, des grèves et débrayages et il est à noter que les ICT y sont impliqués. Ce n’est pas une donnée nouvelle, les ingénieurs, cadres et techniciens sont taraudés par la question du pouvoir d’achat et par l’insuffisante reconnaissance des qualifications dans les grilles. Que l’on se réfère aux enquêtes menées pour le compte de l’UGICT-CGT ou à d’autres baromètres, chaque fois, la question salariale est avancée sans complexe. Et cela en dépit d’un discours de guerre martelé par nos entreprises qui prêchent la rigueur comme une arme pour sortir de la crise. La coupe est pleine par exemple chez Dassault Aviation où la semaine passée un dirigeant recevant une délégation intersyndicale n’a pas craint d’affirmer que les salariés sont largement payés et il aurait ajouté qu’ils pouvaient aller voir ailleurs. Provocation qui risque bien de se retourner contre la direction qui détient trois milliards d’euros de trésorerie.

Non seulement les salariés qualifiés et en responsabilités ne sont pas satisfaits de leurs rémunérations, mais ils balaient aussi l’opposition factice entre salaire et emploi. Ils remettent aussi en question dans la plupart des conflits les augmentations au mérite. Non seulement ils y voient le piège de se focaliser individuellement sur des enveloppes de plus en plus chiches, mais ils y perçoivent aussi les effets néfastes des divisions que ces politiques d’individualisation génèrent au sein des collectifs de travail. De même, ils remettent en question la déstructuration du salaire par des accessoires chatoyants -mais ô combien précaires- tels que l’intéressement et la participation. Enfin, il n’est pas banal que ces mouvements sur les salaires apportent la conclusion qui s’impose au quinquennat de Nicolas Sarkozy, autoproclamé « président du pouvoir d’achat » et du « travailler plus pour gagner plus ».

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