Ça revient chaque année aussi sûrement que le rhume des foins. Dès
que sont éclos les bilans des grandes entreprises et que ces dernières
lâchent leur pollen pour les actionnaires. Avec chaque année des
prémices d’une saison en avance, les conflits sociaux bourgeonnent,
éclosent, parce que décidément l’hiver des fiches de paie dure trop. Pas
de doute, c’est le printemps, les salariés exigent, dans l’unité le
plus souvent, l’ouverture des Négociation Annuelles Obligatoires. La
conflictualité salariale est donc de nouveau au rendez-vous. Il est
d’ailleurs remarquable qu’elle se manifeste tant dans cette période où
les échéances politiques tendent à supplanter le débat social.
La semaine passée a encore été marquée par des rassemblements, des
grèves et débrayages et il est à noter que les ICT y sont impliqués. Ce
n’est pas une donnée nouvelle, les ingénieurs, cadres et techniciens
sont taraudés par la question du pouvoir d’achat et par l’insuffisante
reconnaissance des qualifications dans les grilles. Que l’on se réfère
aux enquêtes menées pour le compte de l’UGICT-CGT ou à d’autres
baromètres, chaque fois, la question salariale est avancée sans
complexe. Et cela en dépit d’un discours de guerre martelé par nos
entreprises qui prêchent la rigueur comme une arme pour sortir de la
crise. La coupe est pleine par exemple chez Dassault Aviation où la
semaine passée un dirigeant recevant une délégation intersyndicale n’a
pas craint d’affirmer que les salariés sont largement payés et il aurait
ajouté qu’ils pouvaient aller voir ailleurs. Provocation qui risque
bien de se retourner contre la direction qui détient trois milliards
d’euros de trésorerie.
Non seulement les salariés qualifiés et en
responsabilités ne sont pas satisfaits de leurs rémunérations, mais ils
balaient aussi l’opposition factice entre salaire et emploi. Ils
remettent aussi en question dans la plupart des conflits les
augmentations au mérite. Non seulement ils y voient le piège de se
focaliser individuellement sur des enveloppes de plus en plus chiches,
mais ils y perçoivent aussi les effets néfastes des divisions que ces
politiques d’individualisation génèrent au sein des collectifs de
travail. De même, ils remettent en question la déstructuration du
salaire par des accessoires chatoyants -mais ô combien précaires- tels
que l’intéressement et la participation. Enfin, il n’est pas banal que
ces mouvements sur les salaires apportent la conclusion qui s’impose au
quinquennat de Nicolas Sarkozy, autoproclamé « président du pouvoir
d’achat » et du « travailler plus pour gagner plus ».
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