On a beau s’être fait à l’idée que notre
paysage syndical hexagonal est marqué par l’émiettement, il n’est
jamais très rassurant que les divergences s’étalent sans faire
véritablement l’objet d’un débat ou qu’elles s’expriment par l’invective
et l’accusation.
Surtout au moment où la crise frappe et où plus que
jamais la responsabilité du syndicalisme est de construire des réponses
alternatives, de proposer du neuf pour s’affranchir des mécanismes
toxiques qui ont provoqué cette crise et qui en amplifient les effets.
Et en ce moment, la patronne des patrons doit boire du petit lait
lorsqu’elle entend le leader de la CFDT tailler des croupières à la CGT
en la renvoyant dos à dos avec la direction du géant américain du
pneumatique Goodyear.
Sur la forme, le procédé n’est pas très honorable et il témoigne des
contradictions qui traversent la CFDT.
Comment ne pas voir le grand
écart stratégique entre par exemple le combat des métallos de Florange
et les négociations sur le marché du travail ? Quand les uns se battent
pour sauver leurs hauts fourneaux, les autres acceptent des nouvelles
règles qui priveront les institutions représentatives du personnel de
leurs droits d’intervention, si le gouvernement et le Parlement
transcrivent à la lettre l’accord national interprofessionnel sur la
sécurisation de l’emploi.
La CGT a décidé de porter le débat sur le fond
de cet accord en allant à la rencontre des salariés, preuves en main en
faisant la démonstration de sa nocivité et en faisant la lumière sur
les illusions de progrès qu’il recèle. Prenons les salariés à témoin,
informons-les, analysons l’accord avec eux. Cet accord sécurise les
licenciements en privant les salariés ou en leur rendant plus difficile
l’accès à la justice prud’homale pour obtenir réparation du préjudice
subi.
Le texte met en place les accords « compétitivité / emploi » que
Nicolas Sarkozy voulait imposer sans avoir pu les mettre en place.
Modifier le temps de travail et baisser les salaires durant deux ans
sans garantie de maintien des emplois serait désormais possible. Grâce à
ce texte, les patrons de Sanofi, Mittal, Peugeot, Renault, Pilpa,
Virgin pourront décider de la procédure de licenciement et du contenu du
plan social par simple accord d’entreprise, voire, en l’absence
d’accord, par un simple document de l’employeur homologué par la
direction du travail.
Cet accord organise la mobilité interne forcée.
C’est ainsi qu’un employeur pourra vous muter sur un autre poste, ou
vous envoyer à l’autre bout de la France. Et votre refus vous exposera à
un licenciement pour motif personnel. Où est le progrès ? Où sont les
garanties nouvelles ?
C’est ce débat-là que nous devons avoir afin de
mobiliser les salariés. Et le temps presse car cet accord devrait être
transposé par le ministère du Travail dans un projet de loi, présenté le
6 mars en Conseil des ministres. Et la porte-parole du gouvernement,
Najat Vallaud-Belkacem, a répété mercredi que le texte du gouvernement
consisterait en une « transcription fidèle » de l'accord.
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mercredi 6 février 2013
Accord sur l’emploi : revenons aux faits !
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