mercredi 6 février 2013

Accord sur l’emploi : revenons aux faits !


On a beau s’être fait à l’idée que notre paysage syndical hexagonal est marqué par l’émiettement, il n’est jamais très rassurant que les divergences s’étalent sans faire véritablement l’objet d’un débat ou qu’elles s’expriment par l’invective et l’accusation. 

Surtout au moment où la crise frappe et où plus que jamais la responsabilité du syndicalisme est de construire des réponses alternatives, de proposer du neuf pour s’affranchir des mécanismes toxiques qui ont provoqué cette crise et qui en amplifient les effets. 

Et en ce moment, la patronne des patrons doit boire du petit lait lorsqu’elle entend le leader de la CFDT tailler des croupières à la CGT en la renvoyant dos à dos avec la direction du géant américain du pneumatique Goodyear. Sur la forme, le procédé n’est pas très honorable et il témoigne des contradictions qui traversent la CFDT. 

Comment ne pas voir le grand écart stratégique entre par exemple le combat des métallos de Florange et les négociations sur le marché du travail ? Quand les uns se battent pour sauver leurs hauts fourneaux, les autres acceptent des nouvelles règles qui priveront les institutions représentatives du personnel de leurs droits d’intervention, si le gouvernement et le Parlement transcrivent à la lettre l’accord national interprofessionnel sur la sécurisation de l’emploi. 

La CGT a décidé de porter le débat sur le fond de cet accord en allant à la rencontre des salariés, preuves en main en faisant la démonstration de sa nocivité et en faisant la lumière sur les illusions de progrès qu’il recèle. Prenons les salariés à témoin, informons-les, analysons l’accord avec eux. Cet accord sécurise les licenciements en privant les salariés ou en leur rendant plus difficile l’accès à la justice prud’homale pour obtenir réparation du préjudice subi. 

Le texte met en place les accords «  compétitivité / emploi  » que Nicolas Sarkozy voulait imposer sans avoir pu les mettre en place. Modifier le temps de travail et baisser les salaires durant deux ans sans garantie de maintien des emplois serait désormais possible. Grâce à ce texte, les patrons de Sanofi, Mittal, Peugeot, Renault, Pilpa, Virgin pourront décider de la procédure de licenciement et du contenu du plan social par simple accord d’entreprise, voire, en l’absence d’accord, par un simple document de l’employeur homologué par la direction du travail. 

Cet accord organise la mobilité interne forcée. C’est ainsi qu’un employeur pourra vous muter sur un autre poste, ou vous envoyer à l’autre bout de la France. Et votre refus vous exposera à un licenciement pour motif personnel. Où est le progrès ? Où sont les garanties nouvelles ? 

C’est ce débat-là que nous devons avoir afin de mobiliser les salariés. Et le temps presse car cet accord devrait être transposé par le ministère du Travail dans un projet de loi, présenté le 6 mars en Conseil des ministres. Et la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a répété mercredi que le texte du gouvernement consisterait en une « transcription fidèle » de l'accord.

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