mercredi 22 mai 2013

Décalage du discours, dévissage dans l’opinion

L’an 2 commence mal

Hors sujet, en décalage. Tel est apparu François Hollande devant la presse jeudi dernier. Alors que l’emploi et les salaires sont au premier rang des préoccupations exprimées par les Français, le chef de l’Etat a choisi de commencer par rendre compte de sa rencontre avec le collège des commissaires européens. Pour nous expliquer d’abord que la France a démontré sa crédibilité budgétaire par des mesures de compétitivité et une réforme du marché du travail. Nous assurer que la crise financière était derrière nous, et que la récession annoncée est due aux politiques d’austérité.
Ainsi, pour François Hollande, les causes de la crise financière ont été régulées et jugulées. On croit rêver ! Fort de quoi, il a obtenu un délai de deux ans pour ramener le déficit public sous la barre des 3% du PIB. On reste bel et bien toujours dans la même logique et tandis qu’il dénonce les politiques d’austérité comme responsables de la récession, il s’empresse d’inscrire au bilan de la première année de gouvernement la baisse des dépenses publiques, l’ allègement du « coût » du travail, avec les 20 milliards de cadeau fait aux entreprises au travers du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE), et enfin la « loi de sécurisation de l’emploi » qui va surtout sécuriser les licenciements.

Et puisque l’an 2 commence, on se demande ce que le Président va bien pouvoir nous annoncer alors que notre pays connaît sa deuxième récession depuis 2009, que les chiffres de l'emploi dans le secteur marchand au premier trimestre 2013 publiés jeudi ont enregistré une nouvelle dégradation. Eh bien François Hollande nous annonce une série de mesures à prendre au niveau européen pour dit-il « sortir l’Europe de sa langueur ». Il propose d’instaurer un gouvernement européen économique, qui se réunirait tous les mois, avec un Président sur un mandat long. Il annonce donc un abandon de souveraineté nationale, sur une série d’enjeux qui sont au cœur de la politique économique, sociale et fiscale de notre pays.

Quant aux grandes mesures « novatrices », il a annoncé, notamment l’élargissement des contrats d’avenir au privé. Donc l’argent public va une nouvelle fois financer les emplois dans les entreprises privées.

Pas un mot des salaires, rien sur une revalorisation du SMIC, ni sur une relance du pouvoir d’achat excepté le déblocage de la participation pour les 2 millions de salariés qui en bénéficient. Comment s’étonner que ce décalage du discours se traduise par un profond déficit de crédibilité du Président  dans l’opinion ? 60% des Français ne l'ont pas trouvé "convaincant", selon un sondage et son ambition « d’inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année 2013 » se heurte à l'incrédulité des Français: 80% des sondés n'y croient pas. Les deux tiers des sondés (66%) ne font pas confiance à l'exécutif pour mener une réforme des retraites juste. Quant au fait d'équilibrer durablement le financement des retraites, pas moins de 70% des Français refusent leur confiance au chef de l'État.

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