mardi 21 mai 2013

Schindler : le plan de l’ascensoriste menace des dizaines d’emplois en Midi-Pyrénées et dans le pays


Un ascenseur / Photo CC

Depuis quelques mois, syndicats et directions de la filiale française de Schindler se retrouvent régulièrement en comité central d’entreprise. L’enjeu ? La mise en place d’un plan de réorganisation, avec une trentaine de suppression de postes à court terme, et au moins 300 postes menacés à l’horizon 2015. En Midi-Pyrénées, selon les estimations syndicales, une dizaine de postes sont concernés.

Le plan en détail : quatre volets et deux échéances

 «Nous confirmons la mise en place d’un plan de restructuration», annonce le directeur des ressources humaines du groupe Schindler France, François Lucas. En quoi consiste ce plan? Dans un premier temps, le découpage géographique de Schindler en France sera réorganisé, avec la création de trois grands secteurs ( Est, Ouest et Île-de-France). Ce premier volet du plan, assorti d’un second volet qui concerne les postes d’assistants dans les directions, entraîne la suppression de 54 postes, et la création de 28 postes. Un solde donc négatif de 28 postes, pour lesquels « des licenciements secs ne sont pas à exclure», selon François Lucas, qui explique toutefois que les départs à la retraite seront privilégiés.
Dans un second temps, 300 postes plus techniques sont menacés ; les modalités exactes d’application ne sont pas encore connues, et dépendent notamment de l’évolution législative dans le domaine des ascenseurs.

La loi Urbanisme et Habitat : un appel d’air temporaire
En 2003, une loi dite «Urbanisme et Habitat» vient chambouler le secteur des ascenseurs en France. De nouvelles obligations de sécurité, des opérations de maintenance à réaliser plus fréquemment et des mises aux normes obligatoires pour les propriétaires, tout cela créé une situation particulièrement favorable pour les ascensoristes comme le raconte cet article des Échos.
Mais aujourd’hui, une grande partie des travaux ont été effectués selon François Lucas. D’autre part, de nouvelles petites structures se sont engouffrées dans le marché de la maintenance, provoquant une hausse de la concurrence et une baisse des prix, comme l’explique à Carré d’Info une source syndicale.

Schindler, qui emploie 2800 personnes en France, prévoit donc une baisse d’activité, d’où la suppression de 300 postes.

Schindler, qui emploie 2800 personnes en France, prévoit donc une baisse d’activité, d’où la suppression de 300 postes. «Nous ne prévoyons aucun licenciement contraint pour l’horizon 2015, explique François Lucas.  Nous mettons en place une gestion prévisionnelle et un plan de départs volontaires. D’autre part, nous rapatrierons dans le groupe les sous-traitances.»
Un nouvel élément s’ajoute à l’incertitude du plan : Cécile Duflot vient cette semaine de repousser à juillet 2014 au lieu de juillet 2013 la date limite de la deuxième tranche des travaux de mise en sécurité des ascenseurs prévue par la loi de 2003 comme le précise un article du Parisien.

Un climat social délétère dans l’entreprise

Au sein de l’entreprise, une source syndicale rapporte que le plan suscite un « sentiment de fatalité » et surtout beaucoup d’incompréhension: «ils nous présentent des chiffres, des tableaux, des courbes graphiques, pour dire que tout va mal. Comme il y a deux ans, ( lors d’une précédente vague de licenciements NDLR ) les gens sont inquiets. On ne s’y attendait pas, mais les bruits de couloirs ont commencé il y a quelques mois. En réalité, ce sont les actionnaires de la Holding Suisse qui détient le groupe qui veulent plus de dividendes, et on ne peut pas donner plus sans réduire la masse salariale».
Notre source relève aussi des conditions de travail dégradées et l’augmentation du stress professionnel «  depuis au moins 5 ans ». Mais aujourd’hui, «  l’annonce du dernier plan est encore trop récente pour en mesurer vraiment l’impact psycho-social ». En 2010, un technicien du groupe s’était suicidé en se faisant écraser par un ascenseur.

« L’annonce du dernier plan est encore trop récente pour en mesurer vraiment l’impact psycho-social »

Pour François Lucas, le DRH, les risques psycho-sociaux sont correctement pris en charge grâce à des mesures mises en place depuis deux ans. Elles comprennent notamment «  un programme de prévention, avec la formation des personnels de direction, pour leur apprendre à détecter les éventuelles souffrances au travail, et la mise en place d’une ligne verte anonyme qui permet aux employés de s’exprimer et d’être orientés selon leurs besoins.»
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Photo : Illustration, un ascenseur à Rouen, CC via FlickR, tous droits réservés par zigazou76

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