mercredi 30 octobre 2013

LETTRE OUVERTE

LEMAIRE Ludovic Le 30/10/2013
Délégué Syndical Central C.G.T TKAF

LETTRE OUVERTE:

à,


Monsieur le Ministre du redressement productif

Par la présente, je tiens à vous interpeller au sujet d’un « Plan de Sauvegarde de l’Emploi » engagé au sein de la société ThyssenKrupp Ascenseurs France, dans laquelle je travaille et représente la grande majorité des salariés(es) en tant que délégué syndical central C.G.T.

Cette société comptait, il y a deux ans environ, 2800 salariés, elle en compte actuellement 2567 après un « plan social déguisé » suite à de nombreux départs non remplacés (départ en retraite, ruptures conventionnelles multiples, licenciements sur des fautes bénignes etc...) Demain, nous ne serons plus que 2300 environ, après la suppression de 289 postes.

La gestion catastrophique des dirigeants de la multinationale ThyssenKrupp AG et les malversations, qui ont abouti à différentes amendes, ont généré une dette de 7,5 milliards d’€uros. Ce sont les salariés de toutes les branches du groupe qui ont payé la note par des fermetures d’entreprises, des cessions d’activités, des fusions qui ont engendré la suppression de milliers d’emplois (35000) dans le monde.

Pour la branche ThyssenKrupp Elevators (Ascenseurs monde), déjà une des plus rentable du groupe, il a été demandé d’atteindre 15% de profitabilité. Est-ce cela le modèle allemand que l’on cherche à nous vendre !

ThyssenKrupp Ascenseurs France dégage de substantiels bénéfices d’environ 40 millions d’Euros, a une profitabilité globale à plus de 10% et des secteurs entre 20% et 40%, tel le SAV et la modernisation d’ascenseurs, mais sous prétexte d’une baisse continue de la marge opérationnelle, nos dirigeants ont décidé de procéder à une restructuration et a une vague de « licenciements boursiers ».

Vous n’ignorez pas que la loi « ROBIEN », (SAE – Sécurité des Ascenseurs Existants), a été un formidable cadeau aux entreprises d’ascenseurs qui ont engrangé une manne estimée à environ 8 milliards d’€uros, qui ont servi à rémunérer les dividendes des actionnaires, les salariés n’ayant que des miettes au nom de la crise. Combien d’entreprises rêveraient à de tels taux en ces temps de difficultés économiques réelles pour certains secteurs !

L’exemple de ThyssenKrupp Ascenseurs démontre, une fois de plus, l’incivisme du grand capital à qui la loi du marché laisse beaucoup trop de libertés. Il agit contre les intérêts de notre pays en nourrissant la crise par la destruction de l’emploi. L’exemple de ThyssenKrupp Ascenseurs démontre, une fois de plus, que ce n’est pas le coût du travail qui entrave la compétitivité, mais le coût du capital. La branche ascenseurs ne connaît pas la crise, toutes les multinationales de l’ascenseur font des profits que le secteur industriel nous envie, mais toutes font des plans sociaux, dégradent les conditions de travail, augmentent les cadences qui mettent en dangers la santé des salariés et la sécurité des usagers.

Derrière ce bilan catastrophique qui va s’aggraver avec le «Plan de Sauvegarde de l’Emploi », il y a des salariés(es) de toutes catégories qui subissent les effets au travail de cette destruction de l’emploi. Chez ThyssenKrupp Ascenseurs, plusieurs « Droits d’alerte pour danger grave et imminent » ont été mis par les CHSCT pour risques Psychosociaux. Une expertise par le Cabinet ERETRA a été missionnée par les CHSCT car des hommes et des femmes souffrent au travail, certains se sont suicidés, beaucoup d’autres ont fait des dépressions et vont au travail avec la peur au ventre.

Les premières annonces de ce « Plan de Sauvegarde Pour l’emploi », non encore révélées dans le détail, génèrent déjà, des angoisses, des inquiétudes et du stress des cadres aux techniciens, ce qui les met en danger et appellent une assistance de votre ministère. Ces pathologies peuvent avoir des conséquences graves dans notre métier à haut risque.

La C.G.T s’est engagée dans les dernières Présidentielles pour faire battre Sarkosy et pour un «changement de politique», soulignant que «[la réélection de Nicolas Sarkozy] au vu de son bilan et de ses projets (...) ouvrirait, à coup sûr, une nouvelle séquence de lourds reculs sociaux». Le message a été entendu par les travailleurs et ils ont contribué massivement à l’élection de François Hollande. Ils attendaient de la gauche « un retour sur investissement » et du changement maintenant.

Leur déception est grande, le désarroi est profond, en particulier lorsque la loi contre les « licenciements boursiers » a été rejetée. Il y a urgence sociale à faire passer le contenu de cette proposition de loi sous une forme ou une autre dans la loi et la dans la vie !

Monsieur le Ministre, les salariés(es) ont entendu vos paroles qui condamnaient « Ces grands groupes qui ne sont intéressés que par la rentabilité financière ». Ils attendent des actes pour préserver leur emploi générateur de qualité et de sécurité dans un métier qui en a grandement besoin et qui ne peut pas accepter « la course aux bons d’entretien » sans que les tâches soient faites, ce qui devient la règle beaucoup trop souvent, et qui peut se solder un jour par un accident grave. Si les actions ont un prix, la vie elle n’en a pas !

Les salariés comptent sur votre plus grande attention pour faire jouer pleinement le rôle de votre ministère et pour tout mettre en oeuvre pour faire cesser cette casse sociale engendrée par l’appétit insatiable des actionnaires ThyssenKrupp AG .

Nous restons à votre entière disposition pour plus d’information, ou pour une rencontre si vous le jugez nécessaire.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments distingués.

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