Publié le 20.12.2013, 17h45
| Mise à jour :
20h59
Le Parquet de Paris avait ouvert le 31 mai une information judiciaire pour homicides et blessures involontaires dans le cadre du travail et mise en danger de la vie d'autrui. | LP/M de M
Trois juges d'instruction parisiens sont saisis depuis près de six mois d'une enquête
sur l'exposition à l'amiante des salariés d'Otis, dont des dizaines ont
contracté des maladies lors d'interventions de maintenance des
ascenseurs. Le parquet de Paris
avait ouvert le 31 mai une information judiciaire pour homicides et
blessures involontaires dans le cadre du travail et mise en danger de la
vie d'autrui.
C'est en 2008 que les syndicats (CGT-CFDT-FO-CFTC-CFE-CGC) d'Otis
avaient porté plainte contre X à Nanterre (Hauts-de-Seine), estimant que
le groupe ne prenait pas les mesures suffisantes pour protéger ses
salariés intervenant sur les ascenseurs. La plainte a fait l'objet d'une
enquête préliminaire menée à Nanterre, puis à Paris. Ce sont désormais
les juges spécialisés du pôle santé publique qui sont saisis.
Les fibres d'amiante ont été très largement utilisées, notamment dans le bâtiment, du fait de leur exceptionnelle qualité de résistance à la chaleur et au feu, leur inertie chimique, leur résistance mécanique et leur imputrescibilité. Cette substance hautement cancérogène est interdite en France depuis 1997. Dans les ascenseurs, l'amiante servait à l'isolation des portes palières et était utilisé dans les freins, certains éléments électriques, les machineries. Avec le risque pour les ouvriers, manipulant ces éléments lors d'interventions de maintenance, d'inhaler des poussières.
Ce vendredi, quatre lignes du métro parisien ont été évacuées, en raison d'un «un relevé d'amiante dans l'air ambiant du poste de commandement» de ces lignes, selon un délégué Unsa-Transports
Un ancien salarié tente de recenser les victimes
Parti à la retraite fin 2007, après plus de trente ans chez Otis, Gérard Aymes, 65 ans, continue de suivre de près la problématique de l'amiante chez son ancien employeur et tente de recenser les victimes. «Il est difficile de dresser un bilan, mais j'estime entre 200 et 220 le nombre de salariés ou d'anciens d'Otis qui ont développé des pathologies liées à l'amiante, dont certains sont décédés», explique-t-il. Un bilan de toutes façons en évolution, puisque les maladies liées à l'amiante ne se déclarent que des dizaines d'années après l'exposition.
Des travaux récemment suspendus à Trouville et Orléans
Depuis 1997, la très grande majorité des composants contenant de l'amiante ont été remplacés dans les ascenseurs. «Mais il arrive encore que l'on tombe sur de l'amiante dans de vieux appareils», a expliqué Frank Pfister, délégué syndical central CFDT d'Otis qui, comme Gérard Aymes, a été entendu comme témoin dans l'enquête préliminaire. Récemment, la procédure de «Danger grave imminent» (DGI), qui permet de suspendre les travaux, a été activée sur deux sites, à Trouville (Calvados) et Orléans (Loiret), où de l'amiante avait été trouvée, selon le délégué syndical.
«Faute inexcusable» de l'employeur
Plusieurs tribunaux des affaires de la Sécurité sociale (Tass), saisis par des salariés d'Otis malades, ont reconnu ces dernières années la «faute inexcusable» de l'employeur, pointant l'absence de mesures adéquates de protection et la conscience que la société devait avoir du danger, selon Me Elisabeth Leroux, avocate de l'intersyndicale. D'autres employés tentent de faire reconnaître leur préjudice d'anxiété face au risque de contamination.
Les juges d'instruction doivent, eux, rechercher d'éventuelles responsabilités pénales. Une enquête capitale pour la prévention, selon Me Leroux :«Il y a toujours des contaminations à l'amiante d'ouvriers dans les ascenseurs, parfois sans qu'ils le sachent et il faut que les chantiers de désamiantage soient menés dans les règles de l'art, même s'ils coûtent cher». La direction d'Otis n'a pas souhaité faire de commentaire sur l'information judiciaire en cours.
De source syndicale, on concède que des efforts d'information ont été faits par l'entreprise ces dernières années, ce que reconnaissait d'ailleurs en janvier 2011 la cour d'appel de Versailles dans un jugement pourtant défavorable à Otis. «C'est bien qu'ils forment aujourd'hui le personnel, mais ça vient vingt ou vingt-cinq ans trop tard car aujourd'hui, on a des copains qui meurent», déplore Gérard Aymes. Une quarantaine d'enquêtes pénales ont été lancées depuis 1997 par le parquet de Paris sur l'amiante, substance qui pourrait provoquer 100.000 décès d'ici à 2025.
Les fibres d'amiante ont été très largement utilisées, notamment dans le bâtiment, du fait de leur exceptionnelle qualité de résistance à la chaleur et au feu, leur inertie chimique, leur résistance mécanique et leur imputrescibilité. Cette substance hautement cancérogène est interdite en France depuis 1997. Dans les ascenseurs, l'amiante servait à l'isolation des portes palières et était utilisé dans les freins, certains éléments électriques, les machineries. Avec le risque pour les ouvriers, manipulant ces éléments lors d'interventions de maintenance, d'inhaler des poussières.
Ce vendredi, quatre lignes du métro parisien ont été évacuées, en raison d'un «un relevé d'amiante dans l'air ambiant du poste de commandement» de ces lignes, selon un délégué Unsa-Transports
Un ancien salarié tente de recenser les victimes
Parti à la retraite fin 2007, après plus de trente ans chez Otis, Gérard Aymes, 65 ans, continue de suivre de près la problématique de l'amiante chez son ancien employeur et tente de recenser les victimes. «Il est difficile de dresser un bilan, mais j'estime entre 200 et 220 le nombre de salariés ou d'anciens d'Otis qui ont développé des pathologies liées à l'amiante, dont certains sont décédés», explique-t-il. Un bilan de toutes façons en évolution, puisque les maladies liées à l'amiante ne se déclarent que des dizaines d'années après l'exposition.
Des travaux récemment suspendus à Trouville et Orléans
Depuis 1997, la très grande majorité des composants contenant de l'amiante ont été remplacés dans les ascenseurs. «Mais il arrive encore que l'on tombe sur de l'amiante dans de vieux appareils», a expliqué Frank Pfister, délégué syndical central CFDT d'Otis qui, comme Gérard Aymes, a été entendu comme témoin dans l'enquête préliminaire. Récemment, la procédure de «Danger grave imminent» (DGI), qui permet de suspendre les travaux, a été activée sur deux sites, à Trouville (Calvados) et Orléans (Loiret), où de l'amiante avait été trouvée, selon le délégué syndical.
«Faute inexcusable» de l'employeur
Plusieurs tribunaux des affaires de la Sécurité sociale (Tass), saisis par des salariés d'Otis malades, ont reconnu ces dernières années la «faute inexcusable» de l'employeur, pointant l'absence de mesures adéquates de protection et la conscience que la société devait avoir du danger, selon Me Elisabeth Leroux, avocate de l'intersyndicale. D'autres employés tentent de faire reconnaître leur préjudice d'anxiété face au risque de contamination.
Les juges d'instruction doivent, eux, rechercher d'éventuelles responsabilités pénales. Une enquête capitale pour la prévention, selon Me Leroux :«Il y a toujours des contaminations à l'amiante d'ouvriers dans les ascenseurs, parfois sans qu'ils le sachent et il faut que les chantiers de désamiantage soient menés dans les règles de l'art, même s'ils coûtent cher». La direction d'Otis n'a pas souhaité faire de commentaire sur l'information judiciaire en cours.
De source syndicale, on concède que des efforts d'information ont été faits par l'entreprise ces dernières années, ce que reconnaissait d'ailleurs en janvier 2011 la cour d'appel de Versailles dans un jugement pourtant défavorable à Otis. «C'est bien qu'ils forment aujourd'hui le personnel, mais ça vient vingt ou vingt-cinq ans trop tard car aujourd'hui, on a des copains qui meurent», déplore Gérard Aymes. Une quarantaine d'enquêtes pénales ont été lancées depuis 1997 par le parquet de Paris sur l'amiante, substance qui pourrait provoquer 100.000 décès d'ici à 2025.
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