«Edvige a vécu», se sont réjouies cette semaine dernière les organisations qui composent le collectif Non à Edvige après l’annonce du gouvernement. Pour autant, la tentation flicarde n’est pas éteinte et les risques de revoir un texte aménagé à la marge ne sont pas nuls.
Mais c’est évident, le revers est sévère pour l’exécutif qui espérait faire passer un texte liberticide en se réfugiant derrière de pseudos arguments de sécurité. Souvenons-nous qu’au tout début, cet été, cette bonne Edvige nous était présentée par les médias comme le fin du fin pour lutter contre la délinquance juvénile. Le fichage dès 13 ans nous était servi comme la nouvelle nécessité impérieuse. Ça, c’est probablement ce qui était dans le dossier de presse de la première flic de France. Au passage tous les citoyens qui un jour ou l’autre s’engageaient dans la vie publique allaient se retrouver fichés. Et par voie de conséquences tous ceux qui adhèrent et militent dans une organisation syndicale. Le projet de décret tombé sous les yeux de quelques militants, syndicalistes, juristes et avocats, magistrats a vite fait de glacer les sangs. Dès lors, très rapidement, au cœur de l’été un petit noyau d’associations, syndicats, a lancé un site Internet bricolé à la hâte.
Un quart d’heure après sa mise en ligne les premières signatures tombaient. On en a compté plus de 200000! Il faut se représenter ce que signifie cette mobilisation. Elle est vraiment d’aujourd’hui dans sa forme, dans ses outils. Elle démontre la puissance d’Internet au service de la démocratie. Cette mobilisation a pris très vite parce qu’elle a permis à des individus isolés, des associations, des syndicats ou des mouvements très divers dans leurs champs d’intervention ou dans leurs opinions de s’agréger à partir de leurs propres préoccupations, mais pour défendre une certaine idée de la démocratie et des libertés publiques. Pour finalement dégagerensembleune expression et une analyse de ce texte dans laquelle chaque citoyen peut se retrouver.
Evidemment, il faudra bien examiner avec toute l’attention le texte du nouveau décret soumis à la CNIL et au Conseil d’État. La CGT et son Ugict qui ont été parmi les premières organisations mobilisées se réjouissent de cette victoire «du collectif, de la solidarité sur l’individuel et l’individualisme!
C’est la victoire du vivre ensemble sur la peur!
C’est la victoire de la démocratie sur les politiques liberticides, répressives!»Pour nous qui avons choisi l’activité syndicale, cette victoire est très importante, car il n’est pas tolérable que nous soyons assimilés à un risque pour l’ordre public dès lors que nous nous battons pour défendre et faire progresser nos droits sociaux. Cette victoire est importante, parce qu’il faut bien le dire, on ne contraint pas tous les jourscette Droite et ce président à remballer ses projets. Nicolas Sarkozy nous a plutôt habitué à en faire des tonnes pour céder à la marge devant les protestations.
Cette victoire fait donc du bien à ceux qui en ont assez de prendre des coups. Elle donne confiance dans la capacité de faire caler le rouleau compresseur, mais aussi dans la capacité du mouvement social à inventer des formes d’action rapides, efficaces et rassembleuses. Et maintenant, pour la suite, la CGT avec l’ensemble du collectif décidera des formes de l’initiative de mobilisation le 16 octobre, jour de la Sainte-Edvige, le 25 septembre lors de sa réunion plénière.
Car nous voulons profiter de l’avantage que nous avons acquis dans cette mobilisation pour obtenir une mise à plat de l’ensemble des fichiers et qu’un large débat public s’ouvre sur l’utilité, les finalités de ces fichiers, sur la protection des libertés individuelles, collectives et constitutionnelles, pour préparer les axes d’un autre texte législatif dans la sérénité.
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