Accident. Un enfant coince sa chaussure dans un des escaliers mécaniques de la station de métro Jaurès hier matin. Pas de victime mais une grosse frayeur.
Une cheville foulée tout au plus mais une grosse frayeur et des larmes, le bilan de l'accident qui s'est produit hier matin sur un escalier mécanique de la station de métro Jean-Jaurès aurait pu être bien plus conséquent.
Vers 10 heures, un enfant de six ou sept ans qui descendait avec sa grand-mère le long escalator qui mène au quai de la ligne A s'est coincé une chaussure entre les marches et la paroi latérale de l'escalier. On ignore si c'est le lacet qui s'est pris dans le mécanisme ou la chaussure elle-même car la grand-mère et son petit-fils sont rapidement partis. Pendant que l'escalier descendait, la grand-mère et une passante ont tenté de dégager la chaussure de l'enfant. « On ne pouvait pas la retirer, raconte cette passante. Je l'ai aidé à sortir le pied de sa chaussure. Quand on est arrivé en bas, la chaussure s'est bloquée dans le mécanisme. Le garçon a pu sauter. Moi je me suis retrouvée coincée et je suis tombée. » C'est cette femme qui s'est peut-être blessée à la cheville. Les pompiers sont intervenus mais la chute n'a pas nécessité un transport vers l'hôpital.
L'escalator, lui, était en piteux état. Quatre marches sont sorties de leurs gonds, si on peut dire, et se sont empilées en se déchirant. L'escalier entier, long d'une vingtaine de mètres, semblait s'être enfoncé sur lui-même. Cet empilage des marches est en fait déclenché par le mécanisme de sécurité, le temps que l'escalier s'arrête. Le résultat n'en est pas moins impressionnant.
« J'ai entendu un grand bruit, un vacarme. Quatre ou cinq personnes étaient au pied de l'escalier dont un enfant. J'ai couru pour les aider à sortir de là pendant que l'escalier se pliait. Il y avait quinze à vingt personnes encore sur l'escalier », rapporte un témoin.
Cet accident, qui se termine heureusement sans victime, replace les escalators sous les feux de la rampe. Ils ont beau être utiles, ils ne sont pas sans danger, surtout pour les enfants. Est-ce l'équipement lui-même qui doit être considéré comme dangereux ? Ou le manque de vigilance de certains usagers ? « Pour moi, ça reste à risque, observe un agent de Tisséo. L'autre jour, j'ai vu un usager qui avait fait tomber ses clés et qui essayait de les récupérer au risque de se coincer les doigts. » 70 000 voyageurs empruntent chaque jour la station de métro Jean-Jaurès.
Malgré nos appels, nous n'avons pu contacter le constructeur, CNIM.
Tisséo : «Il y a un minimum de précautions à prendre»
Cent vingt-huit escalators équipent le métro. Directeur qualité, sécurité et environnement chez Tisseo, Pascal Lieutaud estime à un million le nombre de personnes qui les empruntent chaque jour. Deux accidents du même type se sont déjà produits.
Qui est en cause selon vous : le matériel ou l'utilisateur ?
L'escalator est un mode de transport qui est entré dans la vie courante. Mais il y a un minimum de précautions à prendre. Elles sont rappelées sur des pictogrammes : les poussettes sont interdites, les enfants en bas âge doivent être surveillés, un chien doit être pris dans les bras… D'autre part, ces équipements sont importants pour assurer l'accessibilité. Nous portons un effort sur leur bon fonctionnement. Les escalators sont contrôlés une fois par an (celui-ci l'avait été avant l'été). Du personnel de notre fournisseur est en permanence dans le métro. Et une fois par mois, le jeu entre la marche et les plaques est contrôlé. A priori, le matériel n'est pas en cause.
Que se serait-il passé si le pied de l'enfant était resté coincé en bas ?
Le système se met en sécurité : la plaque se soulève. Une à deux marches se superposent, comme hier, le temps que l'escalier s'arrête. C'est fait pour que l'enfant passe en dessous et ne soit pas écrasé.
Envisagez-vous certaines mesures ?
Nous allons voir s'il faut renforcer la signalisation. Et peut-être mener une sensibilisation des parents. L'escalier va être testé pendant la nuit avant sa remise en marche.
Côté syndicat
Franck Delperier, secrétaire (Sud) du CHSCT
Franck Delpérier, secrétaire (Sud) du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail de Tisséo, s'est déclaré très ému et préoccupé par l'incident d'hier : « Heureusement, il n'y a pas eu de blessure grave mais cet incident pose un problème de sécurité, après les accidents graves qui se sont produits au niveau national avec des escalators. Nous allons poser des questions au CHSCT et réfléchir sur les décisions à prendre éventuellement pour améliorer l'information du public et notamment des jeunes enfants et de leurs parents autour de l'utilisation des escalators. Un panneautage devrait être étudié pour éviter que ce type de problème se reproduise et afin de sensibiliser les usagers sur les dangers d'une mauvaise utilisation des escalators : lacets défaits aux chaussures, pantalons et bas de manteau traînant par terre risquant d'être coincés dans les marches. »
À Auxerre, un garçonnet grièvement blessé
Récemment, le 8 octobre, un garçonnet âgé de 4 ans a été grièvement blessé lors d'une chute dans un escalier mécanique d'un centre commercial d'Auxerre (Yonne). L'enfant se trouvait avec sa mère et s'engageait sur l'escalier lorsqu'il est tombé de tout son long. Il s'est gravement blessé à une main et un poignet mais surtout, ses vêtements, pris dans le mécanisme, l'ont étouffé, ce qui a entraîné un arrêt cardio-respiratoire.
Heureusement, la présence d'une infirmière a permis d'éviter le pire. Elle a pratiqué un massage cardiaque sur l'enfant pendant qu'un commerçant coupait ses vêtements à l'aide d'un cutter. Le garçon a été évacué vers un hôpital d'Auxerre, puis transféré dans un établissement parisien, vu la gravité de ses blessures. Des scellés ont été apposés sur l'escalier et des expertises ont été demandées par le procureur pour déterminer si l'appareil fonctionnait correctement. Des usagers de l'escalier mécanique ont mis en cause son entretien.
À l'inverse, le responsable de la grande surface a déploré les mauvais usages de l'escalier par certains qui l'emprunterait en vélo ou en scooter et qui seraient responsables des pannes.
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