Le chômage est-il soluble dans la communication ?
Ce n’est pas le train qui avance, ce sont des figurants qui font bouger le décor et qui secouent les wagons. Voilà l’impression que donne notre pays. Le train, c’est celui du social et de l’économie, bloqué à quai. Mais pour distraire les voyageurs impatients et mécontents, le chef de gare fait s’agiter le décor à la manière des vieux effets spéciaux au temps du noir et blanc. Mais s’il s’agite avec frénésie, la bande son du film ressemble à un disque rayé. « Tous les chômeurs de longue durée devront être reçus dans les trois mois pour recevoir soit une formation qualifiante, soit un emploi ». En prononçant cette phrase jeudi soir, lors de l’émission : « Paroles de Français » sur TF1, Nicolas Sarkozy a voulu une nouvelle fois marquer les esprits à bon compte en faisant du social un de ses thèmes de campagne pour 2012 sans négliger au passage les vieilles antiennes de l’immigration, de l’identité nationale et de l’échec de l’intégration des populations d’origine étrangère, de la sécurité.
Mais c’est véritablement un discours creux que ce monologue présidentiel. Nicolas Sarkozy n’est plus en mesure de proposer quoi que ce soit de décoiffant. Alors il se répète, tourne en boucle et recycle. C’est ainsi que ce volontarisme d’opérette pour lutter contre le chômage de longue durée fera long feu. On ne doute pas une seconde que les agents de Pôle Emploi vont se voir enjoindre d’exécuter coûte que coûte l’ordre élyséen. Au passage, on se demande bien pourquoi il y a tant de chômeurs de longue durée, puisqu’il suffit de les recevoir tous très vite, de les envoyer en formation qualifiante et de les remettre au boulot.
Mais les faits sont têtus et même en contraignant les chômeurs à accepter n’im- porte quel job, on ne parvient pas, faute d’une vraie poli- tique industrielle, à créer suffisamment d’emploi pour remettre les seniors au travail et absorber les quelques 800 000 jeunes qui devraient entrer chaque année dans la vie active avec des formations de plus en plus élevées. Selon des données provisoires officielles, l’emploi salarié a progressé de 0,7 % en 2010 dans les secteurs marchands, tandis que le nombre des demandeurs d’emploi n’ayant exercé aucun emploi aurait progressé de 80 000 (toujours selon les chiffres officiels).
Alors une nouvelle fois, le gouvernement est à la manœuvre pour se montrer au moins à la hauteur des injonctions du chef. Ainsi le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a appelé vendredi les départements à « relever le défi » avec le gouvernement en cofinançant avec l’État 60 000 autres contrats aidés en faveur des allocataires de RSA. L’enjeu est de taille, pour le gouvernement qui a déjà tripatouillé le mode de calcul des chiffres du chômage, il faut maintenant effectuer un tour de passe-passe pour faire sortir les demandeurs d’emploi des statistiques par des contrats aidés. Tout cela reste de la communication, de l’esbroufe, mais il n’est même pas sûr que cela fasse encore illusion au printemps 2012.
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