Déclaration
liminaire prononcée par Éric Aubin
La
CGT a donc décidé d'organiser un meeting sur les questions de
l'avenir des retraites et sur la reconnaissance de la pénibilité le
31 janvier prochain. Avec cette initiative, la CGT compte bien
replacer les questions sociales au cœur du débat de la campagne des
élections présidentielles. Les objectifs poursuivis sont notamment
la reconquête de la retraite à 60 ans à taux plein et la
reconnaissance de la pénibilité. Comme l'a indiqué Bernard
Thibault dans un 4 pages que nous avons publié à destination des
salariés, c'est socialement juste et économiquement nécessaire.
Avant de vous donner quelques éléments relatifs au meeting
lui-même, je vous propose d'évoquer, brièvement, quelques points
clés.
Le
premier point
sur lequel je souhaiterai insister, c'est sur le fait que nos
propositions en matière de retraite sont en totale résonance avec
les attentes des salariés, tous les salariés, qu'ils soient
ouvriers, cadres, techniciens, en activité ou déjà retraités,
femme ou homme, jeune ou plus âgés. Les multiples enquêtes
d'opinion l'attestent, quand on pose par exemple la question de l'âge
souhaité de départ en retraite, pouvoir partir à 60 ans, voire
moins, rassemble très largement, toutes catégories confondues. Il
en est de même pour le niveau de pension et l'exigence que celui-ci
permette un maintien du niveau de vie lors du passage de l'activité
à la retraite. Une juste reconnaissance de la pénibilité, avec la
possibilité de départs anticipés, fait également consensus dans
le monde du travail. Certains considèrent que la CGT est esseulée
sur ses propositions. Nous leur répondons que tel n'est pas le cas
puisque nous sommes du côté de la grande majorité des salariés.
Le
second point
est que ces propositions permettent tout à la fois de répondre aux
attentes légitimes des salariés, et de sortir de l'ornière dans
laquelle nous ont conduit les politiques mises en œuvre ces
dernières années, toutes fondées sur le dogme de la baisse des
dépenses publiques et du mal nommé «
coût du travail ».
En
privilégiant la finance et en maltraitant le travail et les
travailleurs en activité ou retraités, gouvernements successifs,
patronat et financiers ont pris la lourde responsabilité d'entraîner
notre pays dans une crise profonde. Celle-ci se traduit par une
augmentation dramatique du chômage et de la précarité, voire de la
pauvreté, les plus jeunes et les plus âgés étant les plus
touchés. Les plans d'austérité, en France comme dans les autres
pays européens, ne font qu'accélérer ce processus infernal. Il ne
vous a pas échappé que dans les autres pays européens, les
organisations syndicales de salariés ne sont pas restés l'arme au
pied. Des mobilisations historiques ont défrayé la chronique dans
certains de ces pays, comme en Grande Bretagne. Les syndicats
allemands ne sont pas en reste, eux qui se trouvent confrontés à
une augmentation de la pauvreté liée à une dégradation salariale
sans précédent.
Ainsi,
en Allemagne, Mechthild Veil, chercheuse au bureau pour la politique
sociale et la recherche sur le genre en Europe de Francfort, nous
indique que «
… entre 2002 et 2008 (…) le nombre d'emplois à faibles revenus
(petits boulots généralement exempts de cotisations, payés au
maximum 400 euros par mois) est passé de 4,136 à 7,078 millions …
». Elle
ajoute que «
Le passage immédiat au statut de retraité en fin d'activité
soumise aux cotisations retraite n'est possible que pour 17 % de la
population. Plus de 80 % des assurés n'étaient pas en activité
soumise aux cotisations avant le début du versement de leur pension…
» D'autres
que nous le disent, la seule réponse qui vaille en France comme dans
toute l'Europe, c'est de relancer la croissance par les salaires, par
l'emploi, par la formation, par la ré industrialisation, par le
développement des services publics et par une protection sociale de
haut niveau.
Troisième
point,
ces propositions sont réalistes et elles peuvent être financées.
Nous l'avons montré à de multiples reprises, l'argent existe pour
financer une protection sociale et des retraites de haut niveau.
Cela
suppose des choix qui n'agréent pas, nous le savons bien, le
patronat, Medef en tête, et ses représentants au pouvoir. Ainsi,
ils préfèrent satisfaire les actionnaires par le versement de
juteux dividendes plutôt que d'augmenter les salaires, embaucher,
accorder à la protection sociale les ressources nécessaires.
Rappelons à ce sujet que le montant des dividendes distribués en
France est du même ordre que la totalité des dépenses de retraite
: 236 Mds d'euros en 2009 pour les dividendes et assimilés selon la
Comptabilité nationale. Accordez-nous qu'en soustraire une petite
partie pour financer la protection sociale qu'attendent des millions
de salariés ne mettra pas les actionnaires sur la paille.
Les
chiffrages effectués dans les différentes études abondent dans
notre sens. Par exemple, la direction de l'Arrco et de l'Agirc avait
calculé, à notre demande, ce qu'apporterait la mise à contribution
des revenus financiers des entreprises au même niveau que les
cotisations en vigueur dans les deux régimes complémentaires. Et
bien cette seule mesure apporterait immédiatement, pour un seul
exercice, 10 milliards d'euros dans les caisses de ces
régimes.
Toute
l'agitation du moment autour de la TVA sociale et de la compétitivité
des entreprises ne,poursuit qu'un but, préserver et augmenter les
dividendes des actionnaires et reporter le financement de la
protection sociale sur les ménages.
Le
dernier point
porte sur notre détermination et notre capacité à faire bouger les
lignes. En octobre dernier, nous vous convions à un petit déjeuner
de presse pour évoquer avec vous ce que nous appelons les «
recalculés de la retraite », ces retraités qui se voyaient privés
de pension, auxquels on exigeait parfois des remboursements
exorbitants d'indus de l'ordre de plusieurs dizaines de milliers
d'euros. A l'époque, nous avons tout entendu, y compris que nous
nous faisions les complices des fraudeurs, puisque c'est ainsi
qu'étaient désignées, sans aucun discernement, les personnes
concernées.
Trois
mois après, nous pouvons vous annoncer que nos démarches n'ont pas
été vaines. Déjà des retraités ont été rétablis dans leurs
droits. Nous avons à deux reprises, rencontrer le Directeur de la
Sécurité sociale et des dispositions sont mises en œuvre pour que
ce dossier se referme de la manière la plus juste, que les personnes
de bonne foi soit enfin délivrées des tracasseries et du
harcèlement dont elles ont été victimes. C'est pour nous un
véritable succès, certes modeste, mais qui nous conforte dans notre
détermination et notre pugnacité.
Vous
l'avez compris, notre initiative du 31 janvier ne constitue pas une
fin en soi. Il s'agit bien pour nous d'engager une nouvelle campagne
de luttes et de mobilisations sur le thème de la retraite pour
l'année qui vient de débuter, avec bien entendu le temps fort de la
campagne des présidentielles. Mais nous avons aussi pour ambition de
peser dans le débat qui devrait s'engager sur la mise en œuvre
d'une réforme systémique début 2013, débat prévu par la loi de
novembre 2010.
Quelques
mots enfin sur l'initiative du 31 janvier elle-même. Il s'agit donc
d'un meeting au Zénith de Paris qui rassemblera près de 6000
militants et syndiqués de la CGT. Nous avons considéré qu'il était
particulièrement pertinent, en cette période de campagne
électorale, d'inviter les responsables des organisations politiques
qui ont combattu la réforme de 2010 aux côtés des organisations
syndicales, et leurs candidats. Certains nous ont d'ailleurs déjà
annoncé leur venue.
Le
meeting se déroulera en 3 temps
:
- Une première partie, introduite par une vidéo et suivie d'une table ronde, portera sur l'avenir des retraites avec en premier lieu la reconquête de l'ouverture du droit à 60 ans à taux plein.
- La seconde partie portera sur la reconnaissance de la pénibilité. La CGT est très attachée à l'obtention d'avancées significatives qui permettraient à des travailleurs usés de bénéficier de départs anticipés avec des conditions associées leur garantissant l'accès à une retraite complète. La loi de 2010 n'apporte pas la réponse adéquate aux attentes de plusieurs dizaines de milliers de salariés qui ont largement passé la cinquantaine et se retrouvent dans l'impossibilité d'exercer une quelconque activité. Selon les chiffres de la Cnav qui viennent de nous être communiqués, seulement 997 pensions au titre de la pénibilité ont été attribuées entre le 1er juillet et le 31 décembre 2011 par la Cnav. J'en profite pour souligner que l'assimilation carrières longues et pénibilité semble plus que contestable. Toujours selon la Cnav, au moins 50 % de ces nouveaux retraités n'étaient pas éligibles au dispositif carrière longue. Cela ne peut que nous conforter dans notre conviction qu'il faut gagner un véritable dispositif pénibilité.
- La troisième partie consistera en l'intervention du Secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. Cette intervention portera naturellement sur les deux questions à l'ordre du jour, mais également sur l'actualité et ce que va être l'activité de la CGT ces prochaines semaines et ces prochains mois.
Comme
vous le constatez, nous avons réuni toutes les conditions pour que
ce meeting fasse événement.
Ainsi il sera retransmis en direct par Internet et d’ores et déjà,
des initiatives sont arrêtées, dans les régions, les départements,
dans des entreprises ou établissements pour des projections
collectives.
lundi,
23 janvier 2012 /
Frédéric Dayan
Le site internet La cgt
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire