dimanche 8 avril 2012

SANTÉ AU TRAVAIL : TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES: LE PATRONAT CONTRE UNE DIRECTIVE

Les employeurs européens ne soutiennent pas l'idée d'une initiative communautaire visant à protéger les travailleurs contre les troubles musculo-squelettiques d'origine professionnelle (TMS), qu'ils jugent « inutile et impopulaire ». A la veille d'une réunion du comité d'évaluation d'impact le 28 mars, neuf organisations patronales(1) ont envoyé une lettre à la Commission européenne pour exprimer leur opposition à toute initiative législative. « Nous sommes alarmés de voir que la Commission européenne continue de travailler sur une directive horizontale contraignante relative à l'ergonomie au travail. Nous sommes particulièrement inquiets par son intention d'étendre le champ du cadre réglementaire européen, notamment en supprimant les exemptions existantes. Cela imposera clairement de nouvelles charges administratives et financières à tous les employeurs et ne constituera en aucun cas une simplification » affirment-elles. 

Les troubles musculo-squelettiques sont la forme de maladie professionnelle la plus courante en Europe. Dans l'UE, 25 % des travailleurs se plaignent de mal au dos et 23 % de douleurs musculaires. A l'heure actuelle, les dispositions relatives à la protection de la santé et la sécurité des travailleurs contre les risques de troubles musculo-squelettiques au travail sont fragmentées entre plusieurs directives, y compris la directive 90/269/CEE concernant la manutention manuelle des charges et la directive 90/270/CEE relative au travail sur des équipements à écran de visualisation. 

La Commission souhaite donc intégrer ces dispositions dans un seul instrument législatif et planifie, après huit longues années de consultation avec les partenaires sociaux (la première consultation a eu lieu en 2004 et la seconde en 2007), de publier sa proposition « au cours du deuxième trimestre 2012 ». Selon une source proche du dossier, le comité d'évaluation d'impact aurait toutefois rejeté la dernière version préparée par la Commission. On attend, en conséquence, une version révisée dans les prochaines semaines. 

Partenaires sociaux divisés 

Les employeurs européens craignent toutefois une augmentation des charges administratives et financières ainsi qu'un impact disproportionné sur les PME et les micro-entreprises. Sur base d'une étude d'impact réalisée par un bureau de consultants pour la Commission, ils affirment qu'une initiative législative contraignante serait sans conteste l'option la plus couteuse (3,7 milliards d'euros, avec 90% de coûts portés par les PME). « Nous demandons instamment à la Commission d'examiner attentivement les coûts et les avantages du projet d''initiative législative sur les entreprises, et en particulier sur les PME, et d'entreprendre un test des PME robuste avant de poursuivre ce travail » affirment les 9 organisations, qui se positionnent davantage en faveur d'actions de sensibilisation, d'information et de formation. 

La Confédération européenne des syndicats, elle, a rappelé lors de la réunion de son Comité exécutif, en décembre 2011, qu'elle soutenait une directive d'ensemble pour la prévention des troubles musculo-squelettiques. « C'est initiative, indispensable pour donner une base législative commune aux efforts de prévention qui doivent être intensifiés, doit aborder l'ensemble des facteurs qui contribuent aux troubles musculo-squelettiques et notamment l'organisation du travail et son intensité", avait défendu l'organisation. 

Augmentation du stress au travail 

Le stress au travail constitue un problème pour une vaste majorité de la population active européenne, selon un sondage d'opinion de l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) publié le 27 mars. Huit personnes sur dix pensent en effet que le nombre de personnes souffrant de stress professionnel augmentera (80 %) au cours des 5 prochaines années et 52 % s'attendent à une «hausse importante». 

(1)Business Europe (employeurs privés), le CEEP (employeurs publics), EBC (construction), la EFCI (nettoyage industriel), Eurochambres (chambres de commerce et d'industrie), Eurocommerce, la FIEC (industrie de la construction), PEARLE (employeurs des arts) et UEAPME (artisanat et PME)

Par Sophie Petitjean

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