Philippe
Martinez, dirigeant de la CGT métallurgie, détaille les enjeux de cette journée
de mobilisation.
Quel est le
sens de la journée d'action du 9 octobre, que François Chérèque vous accuse
d'avoir détourné ?
Philippe
Martinez. Cette journée a été décidée à la mi-mai par près de 200 organisations
syndicales européennes de l'industrie. Avec l'avalanche d'annonces de
restructurations en juillet, cette journée prend une tout autre dimension. Nous
avons donc légèrement changé le mot d'ordre. D'une journée pour une relance de
l'industrie et de l'emploi industriel en France et en Europe, elle est devenue
celle de la défense de l'emploi industriel. Nous avons contacté nos homologues,
notamment la CFDT signataire de cet appel, et nous aurons une réunion pour en
discuter. Nous envisageons trois grandes manifestations à Paris, Bordeaux et
Lyon, avec des arrêts de travail.
Plusieurs
fédérations CGT, comme celles de la santé, des impôts, non directement
concernées par l'industrie, appellent à la mobilisation le 9 octobre.
Philippe Martinez.
Avec toutes ces restructurations annoncées, beaucoup des camarades d'autres
fédérations ont souhaité participer à cette bataille. Lorsqu'une usine ferme,
c'est l'ensemble de la vie économique et sociale de ce territoire qui va à la
catastrophe. Un emploi industriel de perdu, c'est trois emplois indirects et au
moins dix emplois induits. Nos collègues des services publics nous disent que
la fermeture d'une usine comme Aulnay, c'est 2,5 millions d'euros de recettes
publiques en moins pour les communes. C'est toute une série d'investissements,
de services publics, voire d'emplois qui sont menacés. Alors que, lorsque
l'industrie est importante, les services publics sont élevés.
Le patronat
et la Commission européenne martèlent que le coût du travail est le problème de
l'industrie européenne. Que leur répondez-vous ?
Philippe
Martinez. Les délocalisations et les débats autour du coût du travail ne
servent qu'à faire pression sur les salaires. Je n'ai qu'une chose à dire au
patronat : est-ce qu'en France on peut vivre avec 1 000 euros par mois ? La
réponse est non. Ce ne sont pas les salariés des pays à bas salaires qui
achètent les voitures ou les autres biens d'équipement. Baisser notre pouvoir
d'achat c'est réduire les débouchés des produits. Il faut arrêter cette casse
de l'industrie et cette politique d'austérité. Nous voulons un vrai débat sur
l'avenir de l'industrie en Europe et une réorientation des investissements vers
l'industrie.
Entretien
réalisé par Clotilde Mathieu
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