Emploi : une hirondelle en plein hiver ?
Englué dans son impopularité, le gouvernement fait feu de tout bois pour faire croire que nous sommes en train de sortir de la crise. Ainsi, la baisse de 20 300 inscrits (-0,8%) à Pôle emploi, la plus forte depuis février 2008, a-t-elle été commentée par Xavier Bertrand comme un signe encourageant. Mais un encouragement à quoi au juste ?
À mobiliser « tous les moyens de la politique de l’emploi pour conforter cette tendance au cours des prochains mois » assure le ministre du Travail. Ce serait un signe plutôt inquiétant à vrai dire, car derrière ces chiffres, la réalité est moins reluisante. D’abord, il faut rappeler qu’on comptabilise désormais seulement ceux qui, parmi les demandeurs d’emploi, n’ont eu aucune activité. Exit donc, les contrats de quelques heures par jour, les temps partiels, les emplois précaires.
Du coup, si l’on enlève de ces chiffres les personnes ayant exercé une activité réduite, courte ou longue (catégories A, B, C), le nombre de demandeurs d’emploi tenus de faire des « actes positifs de recherche » s’est replié de seulement 0,3 %. Pas de quoi crier victoire. Mais surtout ces données masquent la hausse persistante du chômage des seniors et du chômage de longue durée.
Sur le front de l’emploi des salariés en fin de carrière, la semaine passée a été particulièrement édifiante avec l’annonce par Renault d’un plan de départ anticipé pour les carrières pénibles pour 3 000 salariés sur trois ans, dont des techniciens et des agents de maîtrise. Seraient concernés les salariés âgés de 58 ans et plus début 2011. Ils devraient comptabiliser quinze années de travail posté (en équipe par roulement) ou avoir une incapacité permanente d’au moins10% ou encore des restrictions d’aptitude. Une mesure qui n’est pas assortie d’une annonce d’embauches correspondantes et qui fait craindre un dégraissage. La CGT du groupe dénonce « un plan de réduction ou d’ajustement d’effectifs qui ne dit pas son nom ». Le premier syndicat du constructeur s’inquiète aussi des conditions de travail de « ceux qui restent ». Le constructeur automobile, dans lequel l’État, faut-il le rappeler, a toujours un rôle d’actionnaire, jette une lumière crue sur une des contradictions majeures de la réforme des retraites. Les seniors sont moins que jamais les bienvenus dans les entreprises et n’en déplaise à Laurence Parisot qui s’est émue de l’annonce de Renault, les entreprises continuent à raccourcir la durée d’activité par les deux bouts de la carrière.
À l’entrée en multipliant les stages hors cursus et les contrats précaires pour les jeunes, même lorsqu’ils sont diplômés. À la sortie en utilisant toutes les ficelles et elles sont encore nombreuses, pour pousser les seniors hors des murs. C’est ainsi par exemple qu’il y a quelques semaines on apprenait que les seniors et plus particulièrement les plus qualifiés sont particulièrement concernés par les 400 000 ruptures conventionnelles. On est encore bien loin d’une embellie sur le front de l’emploi et pour se réchauffer de ces frimats, ne prenons pas leurs vessies pour des lanternes.
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