mardi 27 septembre 2011
Management : halte au management coercitif
Les télescopages de l’actualité ont mis en lumière la question des évaluations et les méthodes managériales hélas trop souvent en vogue dans les entreprises. C’est ainsi que la semaine passée la justice a retoqué en appel le système d’évaluation des 5 000 cadres des usines d’Airbus et que par ailleurs était révélée dans l’Isère une lamentable affaire de fichage des salariés par leurs managers chez Décathlon. Enfin, une note officielle publiée mercredi 21 septembre indiquait que la moitié des salariés du privé (54 %) ont chaque année un entretien individuel d’évaluation avec leur responsable hiérarchique, un taux qui atteint 76 % chez les cadres.
C’est un jugement très important pour les ingénieurs, cadres et techniciens et pour l’ensemble des salariés qui a été rendu par la cour d’Appel de Toulouse à la demande de la CGT d’Airbus. La justice a décidé de « suspendre » le système d’évaluation des 5 000 cadres des usines Airbus en France car il intègre des « critères comportementaux non conformes aux exigences légales ».
Les entretiens annuels pourront se poursuivre s’ils n’intègrent pas ces critères pour l’octroi des primes aux cadres. Airbus revendiquait d’évaluer non seulement leurs résultats, mais aussi leur défense des « valeurs » de l’entreprise. La Cour d’appel constate d’abord que les institutions représentatives des personnels, comité d’entreprise et CHSCT, n’ont pas été sérieusement consultées, alors que l’évaluation, par ses incidences sur la rémunération et le déroulement de carrière, peut avoir de lourdes conséquences sur la santé physique et mentale des salariés.
Elle relève ensuite que l’utilisation de critères comportementaux du type « agir avec courage » ou « faire face à la réalité et être transparent », est incompatible avec une évaluation objective de l’activité des salariés et donc « non conforme aux exigences légales ». Enfin, elle considère que ce procédé relève « d’une approche disciplinaire », étrangère aux finalités de l’évaluation et en ordonne la suspension. « La façon de manager le personnel est remise en cause (...) On ne peut pas juger une personne à partir de son comportement, mais sur des objectifs de travail », s’est réjoui Xavier Pétrachi, délégué syndical central de la CGT.
Dans un communiqué, l’Ugict-CGT s’est réjouie de cette nouvelle victoire. « Après celle obtenue contre la société Wolters Kluwer, elle appelle à multiplier les interventions pour obtenir l’évaluation du travail et non du comportement : il s’agit de dénoncer un mode de management aux conséquences parfois dramatiques pour les salariés ».
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