Pouvoir d'achat : l'intox de la droite
Pour l'UMP, l'abrogation de la loi Tepa serait une menace pour le pouvoir d'achat des Français, qui aurait significativement augmenté sous le quinquennat de Sarkozy.
L'ancienne
majorité a du mal à digérer l'enterrement de ce symbole du mirage du «
travailler plus pour gagner plus ». Adoptée le 16 juillet 2007, la loi Tepa lui
avait permis de contourner les trente-cinq heures et de justifier la stagnation
des salaires. L'effet sur le chômage s'est avéré lui aussi catastrophique.
Selon l'OFCE, l'impact en cinq ans a été de 60 000 emplois détruits (non
créés), près de 300 000 selon les calculs du Parti socialiste. Le dispositif a
plus coûté (5 milliards d'euros) qu'il n'a rapporté. Mais les députés UMP
continuent de s'époumoner pour soutenir que la suppression du bonus fiscal va
rogner le pouvoir d'achat des Français. « Je suis indigné du nouveau coup
porté, en catimini et dans la plus grande déloyauté, au pouvoir d'achat des
classes moyennes par la majorité de gauche », a fait savoir Jean-François Copé,
se targuant d'avoir maintenu une progression constante du pouvoir d'achat sous
Sarkozy.
Un mensonge
déjà surexploité lors de la campagne présidentielle par le président du chômage
de masse. Pourtant un rapport de l'Insee, publié en juin, prévoit une baisse du
pouvoir d'achat de 1,2 % en 2012, enregistrant son plus fort recul depuis 1984.
Le pouvoir d'achat par « unité de consommation », la mesure la plus proche du
ressenti des ménages, reculerait ainsi pour la deuxième année consécutive ( 0,1
% en 2011). Dès 2011, un rapport parlementaire publié sous la direction des
députés Jean-Pierre Gorges (UMP) et Jean Mallot (PS) dressait un bilan sévère
de la défiscalisation des heures supplémentaires. « Inefficace et trop chère »,
concluait l'étude. Même les effets sur le pouvoir d'achat étaient remis en
cause. Le gain annuel moyen par salarié représentait environ 450 euros par an.
Mais ce dispositif ne bénéficiait ni aux non-salariés ni aux salariés à temps
partiel, et dans sa globalité aux seuls salariés imposables, excluant de fait
les personnes aux revenus les plus modestes.
Avec
l'abrogation, les bénéficiaires perdraient en moyenne 432 euros par an selon la
direction du Trésor, 375 selon les calculs du gouvernement. L'abrogation
n'empêchera pas les salariés de continuer à effectuer des heures
supplémentaires dans la limite du contingent de 220 heures par an et par
salarié, sauf accord collectif contraire, et l'heure supplémentaire sera
toujours majorée. Pour autant la question du « pouvoir d'achat » reste entière.
Car le coup de pouce dérisoire au Smic est loin de pouvoir répondre aux
urgences sociales.
Maud
Vergnol
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