jeudi 19 juillet 2012

Pouvoir d'achat : l'intox de la droite

 
Pouvoir d'achat : l'intox de la droite

Pour l'UMP, l'abrogation de la loi Tepa serait une menace pour le pouvoir d'achat des Français, qui aurait significativement augmenté sous le quinquennat de Sarkozy.

 

L'ancienne majorité a du mal à digérer l'enterrement de ce symbole du mirage du « travailler plus pour gagner plus ». Adoptée le 16 juillet 2007, la loi Tepa lui avait permis de contourner les trente-cinq heures et de justifier la stagnation des salaires. L'effet sur le chômage s'est avéré lui aussi catastrophique. Selon l'OFCE, l'impact en cinq ans a été de 60 000 emplois détruits (non créés), près de 300 000 selon les calculs du Parti socialiste. Le dispositif a plus coûté (5 milliards d'euros) qu'il n'a rapporté. Mais les députés UMP continuent de s'époumoner pour soutenir que la suppression du bonus fiscal va rogner le pouvoir d'achat des Français. « Je suis indigné du nouveau coup porté, en catimini et dans la plus grande déloyauté, au pouvoir d'achat des classes moyennes par la majorité de gauche », a fait savoir Jean-François Copé, se targuant d'avoir maintenu une progression constante du pouvoir d'achat sous Sarkozy. 

Un mensonge déjà surexploité lors de la campagne présidentielle par le président du chômage de masse. Pourtant un rapport de l'Insee, publié en juin, prévoit une baisse du pouvoir d'achat de 1,2 % en 2012, enregistrant son plus fort recul depuis 1984. Le pouvoir d'achat par « unité de consommation », la mesure la plus proche du ressenti des ménages, reculerait ainsi pour la deuxième année consécutive ( 0,1 % en 2011). Dès 2011, un rapport parlementaire publié sous la direction des députés Jean-Pierre Gorges (UMP) et Jean Mallot (PS) dressait un bilan sévère de la défiscalisation des heures supplémentaires. « Inefficace et trop chère », concluait l'étude. Même les effets sur le pouvoir d'achat étaient remis en cause. Le gain annuel moyen par salarié représentait environ 450 euros par an. Mais ce dispositif ne bénéficiait ni aux non-salariés ni aux salariés à temps partiel, et dans sa globalité aux seuls salariés imposables, excluant de fait les personnes aux revenus les plus modestes. 

Avec l'abrogation, les bénéficiaires perdraient en moyenne 432 euros par an selon la direction du Trésor, 375 selon les calculs du gouvernement. L'abrogation n'empêchera pas les salariés de continuer à effectuer des heures supplémentaires dans la limite du contingent de 220 heures par an et par salarié, sauf accord collectif contraire, et l'heure supplémentaire sera toujours majorée. Pour autant la question du « pouvoir d'achat » reste entière. Car le coup de pouce dérisoire au Smic est loin de pouvoir répondre aux urgences sociales.

Maud Vergnol

Aucun commentaire: