L'ancien président du Medef, Ernest-Antoine Seillière (1997-2005) est entendu lundi en tant que témoin au pôle financier du tribunal de Paris par le juge chargé de l'enquête sur les retraits suspects des caisses de l'UIMM, a-t-on appris de source proche du dossier.
L'ancien patron des patrons français et ancien membre du bureau de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), devrait notamment être interrogé par le magistrat sur l'existence d'un système de financement occulte au sein de la fédération de la métallurgie dont auraient pu bénéficier, selon certains témoins, des syndicats, organisations politiques et le CNPF, ancêtre du Medef.
Le 16 juillet, un ancien haut responsable de l'UIMM (1979-1995), Jacques Gagliardi, a expliqué au juge que l'UIMM avait financé le CNPF avec des versements en liquide, en précisant que ces pratiques se poursuivaient après son départ en 1995.
"Un représentant du CNPF venait régulièrement s'alimenter en munitions auprès de M. Guillen (Pierre Guillen, délégué général de l'UIMM de 1985 à 1995, ndlr). Cette personne repartait avec sous son bras un paquet de la dimension d'une boîte de chaussures", a-t-il confié. "On peut supposer que ce n'était pas de petite coupures", a-t-il ajouté, reconnaissant toutefois ne pas savoir "ce qu'il y avait dedans".
Ancien président de l'UIMM (1992-1999), Arnaud Leenhard avait auparavant expliqué au juge que le CNPF avait été l'un des allocataires de l'UIMM mais que ces pratiques s'étaient interrompues lorsque le Medef avait été créé avec l'arrivée de M. Seillière.
En novembre 2007, M. Seillière a affirmé tout ignorer de ce qui se passait à l'UIMM: "L'UIMM nous a toujours tenus très à distance, nous le Medef. Nous ignorions tout de ce qui se passait à l'UIMM durant toutes ces années pendant lesquelles j'ai modernisé le Medef", avait déclaré l'actuel patron des patrons européens sur BFM.
Le juge Roger Le Loire cherche à connaître la destination de quelque 16,5 millions d'euros en espèces qui ont été retirés entre 2000 et 2007 d'une caisse de secours mutuel de l'UIMM.
Pour cela, il tente de reconstituer l'historique de ces pratiques occultes au sein du patronat français et d'établir la connaissance que pouvait en avoir ses principaux dirigeants.
Deux anciens responsables du CNPF, Yvon Gattaz (1981-1986) et Jean Gandois (1994-1997) ont déjà été entendus dans ce cadre en juillet en tant que témoin par le magistrat. "Cet argent était essentiellement fait pour le financement des syndicats", a notamment déclaré M. Gattaz.
François Ceyrac (autre responsable du CNPF, 1972-1981), qui a perçu des compléments de retraite en liquide de l'UIMM, a été placé sous le statut de témoin assisté.
L'actuelle patronne du Medef, Laurence Parisot, a également été entendue en mai comme témoin par la brigade financière à la demande du magistrat qui avait perquisitionné le 10 avril au siège du Medef à Paris.
Elle a réaffirmé à cette occasion avoir tout ignoré du système des retraits en liquide avant qu'il ne soit révélé dans la presse fin septembre 2007.
Contredite par Daniel Dewavrin, ancien président de l'UIMM, selon qui elle aurait été informée de ces pratiques "avant l'été 2007", elle l'a assigné en diffamation.
M. Dewavrin a promis de fournir à la justice "des éléments de preuve" de ses affirmations lors de l'audience prévue en janvier.
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