Il n'y aura
pas d'accord sur la prévention de la pénibilité au travail dans la métallurgie,
l'une des principales branches professionnelles. C'était en tout cas presque
certain hier soir, à la veille d'une ultime réunion. « La probabilité
d'arriver à un accord est extrêmement faible », regrette Jean-François
Pilliard, délégué général de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la
métallurgie). Aucun des cinq syndicats représentatifs ne devrait signer. Ce
n'est pas une surprise, tant les positions des négociateurs ont paru éloignées
dès le début des pourparlers, en septembre dernier.
Le spectre de
la préretraite
« Deux
positions irréconciliables se sont affrontées tout au long de la négociation,
estime Boris Plazzi (CGT). Le patronat s'est focalisé sur la prévention de la
pénibilité au travail, il n'a jamais voulu entendre parler de la réparation des
conséquences de la pénibilité, qui use prématurément les salariés. »
« Dès le départ, les syndicats ont réclamé des départs à la retraite
anticipés en réparation des carrières pénibles, ce qui aurait signifié un retour
aux pratiques des préretraites. Cela n'était pas possible pour nous »,
reconnaît Jean-François Pilliard.
Les
50 pages du projet d'accord devraient donc rester lettre morte, même si la
CGT compte « proposer à l'UIMM de poursuivre la négociation ». Tous
les syndicats le soulignent, le volet prévention du texte comportait pourtant
« des avancées intéressantes ». Il prévoyait la mise en place de
comptes épargne temps, alimentés par les salariés, avec un abondement de
l'employeur. L'idée était de convertir les primes liées aux tâches pénibles en
congés ou en passage à un temps partiel. Une autre disposition prévoyait de
réduire progressivement ces primes lorsqu'un salarié quitte un poste de travail
pénible tout en restant dans l'entreprise, au lieu de les supprimer brutalement.
« Mais certaines de ces mesures sont déjà prévues dans d'autres accords et
aucune obligation n'est prévue pour les employeurs », critique Dominique
Gillier (CFDT). « C'est un guide d'amélioration des pratiques , ce n'est
pas un accord », tranche Frédéric Homez (FO).
Les
partenaires sociaux étaient contraints de négocier des mesures de prévention de
la pénibilité par la loi sur les retraites de 2010. En l'absence d'accord (de
branche ou d'entreprise), les entreprises devront s'acquitter d'une pénalité
(dans la métallurgie, cette pénalité ne s'appliquera pas avant décembre). D'ici
là, beaucoup dépendra du résultat de la présidentielle. François Hollande a
promis, s'il est élu, de lancer une concertation sur la retraite et la
pénibilité.
VINCENT
COLLEN
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